Y aura-t-il de la grève à Noël ?
On ne les entend pas beaucoup, les collapsologues, dans ces moments de grève ! Et pourtant, tout ça ressemble étrangement à ce que l’on va vivre demain, en ville. Une société qui se retrouve bloquée et qui « n’a pas le choix » !
Plus de trains, ni de métros. Et voilà bon nombre de Parisiens qui chaussent leurs baskets, baissent la tête et marchent tôt le matin. Des vélos partout, des trottinettes aussi et des voitures qui klaxonnent dans les embouteillages. Et des réflexes reptiliens qui arrivent à vitesse grand V. Avec la violence comme régulateur de tous les maux.
Jour 14 de la grève. On a pris le bus, mercredi soir, ligne 46. Tu arrives à l’arrêt et déjà c’est tendu, on sait que tout le monde ne va pas monter. Tu calcules où le bus va s’arrêter, pour être à peu près en face des portes latérales.
Sur l’écran de l’abribus, 1 minute et la tension qui monte davantage. Les gens se préparent à bouger. Le bus arrive, l’adrénaline fait son effet. Les portes s’ouvrent, ça crie pour descendre, pour empêcher les gens de monter.
Tu t’engouffres et là… « C’est pas vrai, il y a une grosse poussette, en plein milieu ». Sauf que depuis le trottoir, personne ne l’a vue, cette poussette et tout le monde croit qu’il y a un grand vide. Et ça pousse encore, plus fort.
« Arrêtez, non mais arrêtez, je vais écraser un enfant ! » Derrière nous, un mec hurle : « Tu ne me touches pas ! » Et bien évidemment, ça part en vrille illico, bousculade et empoignade.
« Ne poussez pas, vous m’oppressez ! » « T’es pas content ? Tu laisses ta place ! » Les portes se referment et le bus repart. C’est plus de 15 personnes qui sont restées sur le trottoir. Celles et ceux qui n’ont pas voulu « se battre pour monter » attendront le prochain bus.
Ce que l’on découvre, c’est que les règles ont changé. Que les pulsions refoulées, en temps ordinaire, sont là, au grand jour, sur le trottoir, dans le bus, sur le quai du métro. Tout est à fleur de peau et c’est la guerre, du moins l'exode à ce qu'on image !
La fatigue, la frustration, l’énervement, la rage nourrissent la violence. Celui qui n’accepte pas ces nouvelles règles, eh bien, il n’a rien. Les collapsologues ne nous avaient encore rien dit de tout cela. Sur le fait qu’il va falloir écraser son voisin pour monter dans le bus. Qu’il va falloir se battre pour respirer.
Cette grève pour les retraites, c’est entrevoir de nouvelles règles de vie en commun. Alors bien sûr, demain, il va faire chaud, très chaud et l’on n’entendra plus trop les oiseaux, mais surtout, on va se retrouver confronté à quelque chose que l’on avait oublié… Qu'en situation extrême, voire de survie, le reptilien prend le dessus sur tout !