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“Une fille au masculin, un garçon au féminin”

C’était à l’occasion d’une communication téléphonique professionnelle. « Oui bonjour… Oui, je voulais vous dire… Lucie, mon assistante que vous avez rencontrée l’été dernier… elle nous a précisé qu’elle ne souhaitait plus être appelée madame…. car elle se considérait comme gender fluid ! Et qu’elle, enfin « iel » (un pronom non genré, entre il et elle), donc la prochaine fois que vous la croisez, je crois que ça lui ferait plaisir si vous l’appeliez Cami, c’est le prénom qu’iel s’est choisi ! »

Une fois la communication terminée, s’est posée la question, cette idée de gender fluid, qui qualifie « une personne qui oscille entre les genres, qui ne se fixe pas »... Et là, c’est la découverte de tout un monde, où quand tu te sens plutôt à l’aise dans ta peau d’homme ou de femme, tu es qualifié de « cisgenre ».

Un sondage réalisé par l’IFOP à l’occasion de la diffusion de “Ni fille, ni garçon : enquête sur un nouveau genre”, confirmait que 22 % des français entre 18 et 30 ans ne se sentent ni homme ni femme, et se définissent comme neutres (ils ne se reconnaissent pas de genre) ou bien se définissent encore comme gender fluid (fluide du genre, en français). On découvre aussi que concevoir plus de 2 genres existants revient à avoir une vision non-binaire.

Alors on s’est posé la question : est-ce une mode, une tendance insufflée par les stylistes qui créent de plus en plus de vêtements unisexes, ou quelque chose de beaucoup plus profond, une mutation de la société ? On se rappelle le « 3e sexe » d’Indochine qui chantait “une fille au masculin, un garçon au féminin”… c’était en 1985, il y a 36 ans et naissait un véritable hymne non genré (terme non utilisé à l’époque) auprès des adolescents.

Et c’est cette chanson qu’Indochine reprend aujourd’hui avec Christine and The Queens, devenu Chris, « la pop star française qui défie le genre » comme avait titré le magazine américain Time, en 2016. « Cette chanson raconte quelque chose qui m’est très personnel, quelque chose qui me donne envie d’être libre. […] À un moment où le mot même de liberté reprend tout son sens et son urgence. Les vraies révolutions ne meurent jamais ». Commente-iel

Être libre, avoir confiance en soi, c’est pour beaucoup de jeunes gens faire exploser la dichotomie fille-garçon pour se définir en dehors des schémas classiques, des stéréotypes et des injonctions sociales. Les réseaux sociaux et les influenceurs sont passés par là. Les associations LGBTQ+ ont balisé les discours en reprenant tout un vocabulaire militant venu des États-Unis.

Et puis, on se souvient ! Bilal Hassani, sa perruque blonde, son maquillage, qui représentait la France à l’Eurovision 2019. Les jeunes générations revendiquent, aujourd’hui, une identité différente, maintenant à distance les générations précédentes. Il ne s’agit plus de « jouir sans entrave », mais d’être libre dans son corps et dans sa tête. “Une fille au masculin, un garçon au féminin”, en somme.