Un tote bag peut en cacher un autre…
On en a tous récupéré ici et là, et c’est bien ça le problème avec les tote bags. Une alternative aux sacs plastiques qui a rapidement séduit des millions d’Occidentaux, mais qui s’avère en définitive être une fausse bonne idée.
C’est peut-être bien chez APC que le premier nous a été donné. On l’a gardé longtemps, avant que viennent ceux offerts dans un festival, un événement culturel, une librairie, une sortie cinéma… enfin pour tout et n’importe quoi.
En quelques années, tout le monde a pris l’habitude d’utiliser son tote bag au quotidien. Et de se balader (“tote ”, trimballer en anglais) dans la rue sans état d’âme avec un nom de marque, transformant ainsi chacun d’entre nous en support publicitaire.
Au départ, on trouve les Jutebeutel, le sac de jute dont les écolos allemands raffolaient à la fin des années 1970. “Jute statt Plastik” (“Du jute, pas du plastique”), c’est ce qui était écrit dessus.
En 2007, Anya Hindmarch, une créatrice britannique, lance le cabas coton “I’m Not a Plastic Bag” (“Je ne suis pas un sac en plastique”). C’est un vrai succès, la mode s’empare du support. La prise de conscience écologique est au rendez-vous. « On est vraiment responsable avec ce tote bag ! »
Sauf que le coton est loin d’être un produit neutre, c’est peut-être même l’un des produits dont l’empreinte écologique est la plus importante. Pour compenser son poids global de production, il faudrait utiliser un tote bag en coton standard, 7 000 fois et 20 000 fois pour un sac en coton bio. « Ce n’est pas compliqué, si tu veux que ton sac soit écologiquement neutre, il va te falloir le porter pendant cinquante-quatre ans ! » Car le coton est très gourmand en eau - plusieurs milliers de litres d’eau pour 1 kg de coton -, sans parler des pesticides.
La culture du coton soulève aussi la question humanitaire des Ouïgours. « T’es au courant, quand même, que cette minorité musulmane, en Chine, travaille le coton dans des conditions proches de l’esclavage ? Or 20 % de la production mondiale de coton vient de Chine. »
Enfin, et ce n’est pas le plus simple, vient le problème du recyclage du sac et de l’encre utilisée pour imprimer slogans et autres logos sur les deux faces du tote bag. Généralement à base de PVC, donc non recyclable. On est obligé de les découper pour mettre de côté la surface de tissu imprimé…
Le tote bag est finalement assez révélateur de nos prises de conscience. On porte à l’épaule un produit supposé “bon pour la planète”, on croit bien faire sans avoir une vision d’ensemble. Alors voici un simple conseil que l’on devrait appliquer aussi souvent que possible : le meilleur déchet, c’est celui qui n’existe pas !