"Quelle putain de chaleur !"
C’est Bill transpirant à grosses gouttes au volant de sa voiture et s’adressant à Hubert Bonisseur de La Bath dans le film “OSS 117 : Rio ne répond plus” !
“Quelle putain de chaleur !”. On nous avait pourtant prévenu, mais c’est en voyant les boutiques équipées de climatiseurs, avec leurs gros tuyaux coincés dans la porte d’entrée, que l’on s’est dit que la canicule était là !
L’air conditionné s’est développé au début du XXe siècle aux Etats-Unis pour des raisons économiques. Ça commence avec les salles de cinéma climatisées qui vont accompagner l’âge d’or d’Hollywood et puis rapidement les entreprises vont emboîter le pas avec un constat… quand on maintient de la fraîcheur dans les usines ou les bureaux, la productivité des salariés augmente.
Dans les années 1950, la clim envahit les foyers, puis les voitures aux USA. Les Américains ne peuvent plus s’en passer. La clim est partout et pousse à vivre d’avantage chez soi, ce qui va favoriser l’essor de la télévision. Et qui dit télévision, dit publicité et consommation… la spirale américaine en action.
Dans les années 1960, c’est 10 % des ménages américains qui sont équipés de clim, 90 % dans les années 2000. En France, c’est aujourd’hui seulement 4 % des foyers.
Le problème des climatiseurs, c’est qu’ils recrachent de l’air chaud en consommant une énergie folle. Aux Etats-Unis, l’énergie dédiée aux climatiseurs équivaut à la consommation énergétique totale de l’Afrique !
Les ventes de climatiseurs explosent dans les pays émergeants, comme l’Inde ou l’Indonésie. En Chine, les ventes seraient, aujourd’hui, huit fois plus importantes qu’aux USA. Chaque seconde, c’est dix appareils qui sont vendus dans le monde.
En 2050, on en comptera près de six milliards, soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Une spirale inquiétante et paradoxale puisqu’en voulant lutter contre la chaleur liée au réchauffement climatique, le recours à la clim ne fait qu’augmenter le réchauffement climatique…
Comment contourner la climatisation ? Peut-être bien qu’il va falloir revenir aux vieilles recettes utilisées depuis des siècles pour garder de la fraîcheur dans les habitations. Règle de base : fermer les volets dès que le soleil frappe dessus (les Américains, eux, ne connaissent pas les volets extérieurs, ils n’en ont jamais eu… !). À l’exemple des moucharabiehs orientaux qui protègent de la chaleur tout en laissant l’air circuler.
On pourrait s’inspirer aussi des Napolitains, des Siciliens qui tendent de grands tissus dans les rues (certains les mouillent avant), pour retrouver de l’ombre et de la fraîcheur.
Régulièrement, il faut faire une pause et mettre en veille son ordinateur, car c’est un véritable radiateur qui irradie de la chaleur à 40 cm de notre visage.
Enfin favoriser la sieste… encore et toujours. En commençant sa journée plus tôt, à l’aube, quand la fraîcheur est encore présente.