Pénuries, etc.
On se disait que cette fois-ci, on avait bien compris la leçon. Que le premier confinement nous avait rendu lucides. On s’était dit, mais oui, « le bonheur, ce n’est pas de consommer encore et toujours plus ». Lapreuve, privés de tout, on avait survécu ! Alors, on espérait un lendemain plus doux et plus raisonnable. On parlait du monde d’après.
Et l’on constate depuis quelques mois, que non, pas du tout, la pandémie a bien laissé des traces. Et c’est bien pire que ce que l’on pensait avec cette soif de consommer qui submerge tous les continents.
Au point que l’on se retrouve en rupture généralisée. « Non, mais tu te rends compte, chez Ikea, on ne trouve plus d’étagère Billy ! On en est là ! » On redécouvre l’effet papillon, où un battement d’ailes d’un côté de la planète, provoque une pénurie à l’autre bout du monde. « Non, mais les pénuries c’est bon pour les pays en guerre ou les pays pauvres, mais pas chez nous, pas en Occident ». Et cette question qui devient préoccupante : « Y aura-t-il des jouets à Noël ? »
Pourtant, le « on veut tout, tout de suite » associé au quasi zéro stock a bien fonctionné tant qu’il n’y a pas eu de grain de sable. Passé les Trente Glorieuses, on s’est dit que l’on pouvait tout faire fabriquer loin, très loin de la France, là où la main-d’œuvre ne coûte presque rien. Il suffisait simplement de transporter les marchandises sur de gros bateaux à travers les océans.
Et patatras, au printemps 2020, en quelques jours, quelques semaines, tout s’est grippé, la pandémie a mis les usines du monde entier à l’arrêt. Et récemment, le blocage du canal de Suez n’a rien arrangé. Puis, nouveau coup dur avec le Brexit et son manque de main-d’œuvre et de transporteurs routiers. Et surtout, ce que personne n’avait vu venir, une demande qui affole toutes les économies.
En gros, ce que l’on a tous connu avec la pénurie de papier toilette au premier confinement est en train de se répéter à l’échelle mondiale. « Si certains stockent, c’est sans doute qu’ils ont des infos que je n’ai pas… donc je stocke ! » Effet domino garanti.
Tout manque : le bois, la laine, les épices, le papier, les semi-conducteurs, le métal, les pièces détachées de vélo, les téléphones portables, les chaussures, etc.
Depuis dix-huit mois, le prix du fret maritime a été multiplié par dix. On manque de conteneurs, on manque de bras pour les décharger, on manque de bateaux pour les transporter. On songe à rapatrier des outils de production, pour certaines opérations, le prix du transport devenant plus important que le prix de la marchandise transportée.
Dans quelques jours, la COP 26 va sans aucun doute, venir alerter les dirigeants, comme s’ils ne le savaient pas déjà, sur les risques encourus par cette course effrénée.
Alors, la bonne idée serait peut-être de se dire que le dernier smartphone n’est pas obligatoire pour Noël ? De toutes les façons, on n’en trouvera peut-être pas en rayon…