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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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Pas calmés du tout !

On a attaché le vélo sur le trottoir devant le collège, et puis on a attendu la sortie des enfants. « C’est votre petit-fils que vous êtes venu récupérer pour aller au parc ? »

On se retourne vers ce jeune père, sans doute graphiste, à voir le sac Freitag qu’il porte en bandoulière, en se disant qu’effectivement, personne ne fait plus trop la différence entre les pères et les grands-pères.

Alors c’est vrai qu’aujourd’hui, quand on a 50 ans, on ne ressemble pas du tout aux quinquas des années 1970. En près de cinquante ans, on a gagné plus de 15 années de vie. On a déplacé le curseur. Les cinquantenaires ont ainsi passé le seuil du demi-siècle, mais restent persuadés de n’avoir pas vieilli. Ils vivent avec un autre âge que le leur. À la fois quinquas et ados… et l’on a trouvé un qualificatif à coller sur leurs T-shirts Vans, ce sont des “quinquados”.

Le truc du quinquado, c’est qu’il n’est pas calmé, l’envie est toujours là. D’impatience en surprise, de découverte en terrain inconnu. On retrouve ce refus de la contrainte comme chez les ados. Une image d’immaturité sans Rolex obligatoire. Car il a passé un cap : plus de contrainte d’enfants, de maison à payer, de placement financier. Il va au travail parce qu’il aime toujours son boulot. Plus d’envie de couple solide qui a souvent explosé.

Le quinquado oublie naturellement qu’il discute dans ce bar du XIe arrondissement avec une jeune femme de 25 ans. Si on lui pose la question… « Non pourquoi, où est le problème ? Mais moi pareil, j’ai 30 ans, enfin, euh oui, je les ai eus, je les ai toujours. Il y a des jours, j’ai même 18 ans ! »

Le quinquado mange bio et fait du sport. Il y en a beaucoup qui ont un blocage avec la chirurgie esthétique. Super important de refuser le rajeunissement artificiel… Il suffit de mettre un short et d’aller courir le week-end. Le quinquado cherche à être en forme, d’ailleurs il est toujours en forme, toujours partant.

Alors c’est vrai que cette génération est née sans le chômage de masse ni les dérèglements climatiques, et cela a laissé des traces d’insouciance qu’on ne retrouve pas obligatoirement chez les plus jeunes, souvent inquiets de la vie que leurs parents leur laissent aujourd’hui.

Et les victimes collatérales, ce sont les vrais ados. C’est souvent difficile de se retrouver devant des parents habillés en miroir de soi. Et la fille exaspérée, de lancer à sa mère « Non mais, tu ne vas pas venir à la réunion parents/profs fringuée comme ça. Là, tu me fous juste la honte ! C’est pas possible, il faut vraiment te calmer sur les jupes en cuir ! »