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Pauses by Noise

Retrouvez-nous le jeudi, pour une Pause by Noise.

La guerre de l'attention… jusqu'au bout !

La guerre de l'attention… jusqu'au bout !

On n’a pas compris, tout de suite, en arrivant au sous-sol du bar qui retransmettait le match de football. On n’a pas compris pourquoi des écrans vidéo étaient allumés au-dessus des urinoirs.

Quand on a percuté, on s’est dit qu’on en était là. Le moment où l’on t’impose des spots publicitaires, quand tu es tout simplement en train de te soulager.

L’argumentaire de la start-up française, qui a imaginé ce concept, est bien rodé. Les messages publicitaires seraient, étude à l’appui, bien mieux mémorisés aux toilettes qu’ailleurs. Le taux de mémorisation d’un contenu ou d’une marque y serait, en effet, de 85 %, contre 75 % au cinéma, 34 % pour l’affichage métro, 17 % à la télévision, 11 % sur les réseaux sociaux et 9,5 % à la radio. En résumé, aux toilettes, la personne est seule, sans éléments distractifs, et donc plus captive.

Plus captive ? Tu n’es pas captif, tu es juste peinard ! Tu ne demandes rien, tu demandes juste qu’on te laisse tranquille. C’est trop demander, trente secondes de miction paisible sans injonction à consommer ?

Terminé, l’époque où tout le monde profitait de la mi-temps et des tunnels de pub à la télé pour aller aux toilettes. On les imagine bien, les pros du marketing avec leurs Post-it et leur paper board : « Bon, les mecs… Quel est l’endroit où le consommateur est suffisamment au calme et isolé, pour qu’il soit bien réceptif ? Certainement pas un lieu de passage ! Il faut un lieu d’attente, cinémas, gares, aéroports… mais là, il y a déjà encombrement. Restos, bars, ok, mais pas facile de s’incruster… en fait, le seul créneau de pause réelle, c’est quand le mec va aux toilettes… là, en douceur, on lui envoie une pub pour une société de VTC qui pourra le ramener chez lui. Logique et efficace ! »

La France n’est pas le seul terrain de jeu de cette guerre de l’attention poussée à l’extrême. En 2019 à Madrid, le stade Santiago Bernabéu du Real Madrid, s’est équipé en urinoirs avec écran intégré. Ainsi, les supporters peuvent continuer à suivre le match en cours et ne pas échapper aux messages publicitaires des sponsors.

En novembre 2019, en France, des députés de l’opposition ont déposé à l’Assemblée Nationale une proposition de loi pour « uriner en paix » sans écrans publicitaires dans les toilettes. On en est là effectivement, à devoir préserver ce petit moment d’intimité.

La rançon de la mondialisation

La rançon de la mondialisation

Du comment tout ça a commencé, on ne sait trop rien, sinon que la première fois que les médias français ont parlé du coronavirus, c’était le 9 janvier dernier.

Au départ, on nous dit que c’est chinois et que c’est loin, donc pas de panique. On nous explique que le coronavirus (Covid-19), est passé de l’animal à l’homme. Il y aurait sans doute eu une mutation du virus.

Rien à voir avec les soupes de chauve-souris, même si au départ, la souris volante a pu être porteuse du virus. Il y a de fortes chances qu’un autre ou plusieurs autres animaux aient servi d’hôtes intermédiaires. Et puis l’homme s’est retrouvé infecté.

Premiers malades, premiers morts en Chine à Wuhan, la capitale de la province du Hubei qui compte 11 millions d’habitants. Mais il n’y a rien à craindre, les autorités chinoises prennent les choses en main. Un hôpital pouvant accueillir 1 000 lits sort de terre en 10 jours ! Caméras thermiques dans les aéroports. Confinement.

On nous dit de relativiser. La grippe classique tue chaque année entre 290 000 et 650 000 personnes dans le monde. Mais la grippe classique a un taux de mortalité faible, de l’ordre de 0,006 %, alors que le Covid-19 tue 3 % des personnes infectées, soit 500 fois plus que la grippe.

À travers le monde, c’est quelque 81 000 personnes qui se retrouvent contaminées dans une quarantaine de pays. Trois pays inquiètent particulièrement l’OMS : l’Italie, la Corée du Sud et l’Iran. En moins de 48 heures, l’Italie est devenue le pays le plus touché d’Europe, sans que l'on sache comment.

On parle d’urgence, de fermeture des frontières, de mise en quarantaine, de check-points, de pénuries. Les usines restent à l’arrêt ou ne fonctionnent qu’au ralenti. Il y a comme un vocabulaire de temps de guerre.

L’économie mondiale est touchée, bouleversée. L’énergie, le transport aérien, le luxe, le tourisme. C’est un modèle de société qui se retrouve remis en cause.

En Chine, c’est la première fois depuis quatre ans, que l’on utilise aussi peu de charbon. Sur la même période, la pollution au dioxyde d’azote au-dessus des grandes villes chinoises de Wuhan et de Nanjing, est inférieur de 30 % à 50 %, par rapport à l’an passé. L’air est devenu “plus propre”. C’est le grand paradoxe, on respire mieux à cause du virus !

Embouteillage virtuel

Embouteillage virtuel

L’application de navigation Google Maps fête ses 15 ans. Et pour beaucoup d’automobilistes, c’est devenu un réflexe, comme de boucler sa ceinture.

« Tu montes dans ta voiture, tu allumes l’autoradio et tu entres les coordonnées de ta destination sur le GPS, sans même trop réfléchir. Et tu suis les indications. »

Le principe est simple. Quand sur une même route, Google Maps repère une forte quantité de connexions GPS (Global Positioning System), l’application en déduit « logiquement » qu’il y a de nombreuses voitures, d’où un ralentissement possible.

Sur l’écran du portable, la route change de couleur et devient orange ou rouge, ce qui indique aux automobilistes connectés les risques d’embouteillage. Google Maps propose alors un autre itinéraire pour contourner le bouchon, en train de se constituer.

Il y a quelques semaines, Simon Weckert, un artiste berlinois, a eu envie de court-circuiter le fonctionnement de l’appli de navigation du géant de Mountain View. « Toutes ces applications qui envahissent notre quotidien sont au final très fragiles. »

Il n’a pas débauché une armée de hackers russes, il a simplement rempli une charrette d’une centaines de smartphones, dont il a au préalable activé la navigation sur Google Maps.

Et puis, tranquillement, il est parti marcher dans les rues de Berlin en tirant, sa charrette. Et là, le résultat ne s’est pas fait attendre : en quelques secondes sur l’application, les rue parcourues par l’artiste sont passées du vert à l’orange, puis au rouge. Comme s’il y avait une concentration de 100 voitures roulant au pas. Un embouteillage virtuel.

Car Google Maps est aujourd’hui incapable de différencier les personnes se déplaçant en voiture de ce lles qui marchent. Du côté de Google, on salue le geste de l’artiste, minimisant toutefois l’impact.

La firme californienne a affirmé qu’elle allait s’en servir afin de bonifier son application : « Nous avons lancé la possibilité de faire la distinction entre les voitures et les motos dans plusieurs pays, dont l’Inde, l’Indonésie et l’Égypte, mais nous n’avons pas encore ajouté le chariot. Que ce soit via une voiture, une charrette ou un chameau, nous aimons voir les utilisations créatives de Google Maps, car cela nous aide à améliorer le fonctionnement des cartes au fil du temps. »

Ça serait bien que Google parvienne à corriger rapidement cette « légère faille », car le chariot de Simon Weckert pourrait bien inspirer plus d’un militant souhaitant voir moins de voitures dans les rues de nos agglomérations.

Qui peut, par exemple, interdire à quelqu’un de demander à tous les usagers du métro de se connecter en même temps à l’application ? Histoire de faire croire à Google que ce sont des milliers de voitures qui circulent…

Liberté !

Liberté !

Près de deux mois de grève et l’envie d’ailleurs, l’envie de mer et de liberté. On est en 1968, et neuf marins chevronnés prennent le large depuis l’Angleterre pour relever le défi lancé par le quotidien le Sunday Times. Un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale. Le Golden Globe Challenge.

À cette époque, aucun marin n’avait réussi cet exploit. C’est le 22 août 1968, que Bernard Moitessier, un Breton né à Hanoï, alors âgé de 43 ans, s’élance de Plymouth. Il navigue sur Joshua, son bateau fétiche dont il a conçu les plans.

« Bientôt quatre mois que nous avons quitté l’Angleterre, je savais que mon voyage irait loin, mais je ne pouvais pas savoir qu’il irait peut-être plus loin encore. Parmi les jalons impalpables de la mer et du temps. »

Le 26 février 1969, après 300 jours, alors qu’il fait la course en tête, le navigateur passe le cap Horn et commence sa remontée vers le nord. Le 18 mars, il croise un cargo et remet tout en cause. « Je suis presque arrivé au tournant de ma route. Je sais, depuis l’océan Indien, que je ne veux plus rentrer là bas ! Je ne veux pas retourner à la “civilisation”. »

Bernard Moitessier s’approche du bateau de commerce et à l’aide d’un lance-pierre, envoie un message : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme. »

Alors que tout le monde l’attend en vainqueur, Bernard Moitessier détourne son chemin et fait route vers le cap de Bonne-Espérance pour entamer un second tour du monde vers le Pacifique et la Polynésie.

Sur les neuf skippers, seul l’Anglais Robin Knox-Johnston terminera son tour du monde et arrivera en vainqueur, le 12 avril 1969, à Falmouth, après 313 jours de mer. Mais le véritable héros de ce premier Golden Globe Challenge reste Bernard Moitessier.

La longue route s’achèvera, pour lui, le 21 juin 1969. Après dix mois de navigation et 70 000 km, seul, sans toucher terre, il arrive à Papeete. Son bateau s’immobilise enfin.

« L’ancre est mouillée. Je reconnais des silhouettes familières. Puis les visages des copains. Ils forment un groupe immobile, un peu à l’écart des curieux.
— Ça va, vieux frère ?...
— Vous êtes chics, d’être là…
— Tu es chic, d’être arrivé. »

Il faudra plus de deux ans à Bernard Moitessier pour écrire « La Longue route », un “livre Graal” qui inspirera des générations de marins et de militants associatifs.

« Il ne s’agit pas de dompter ou d’affronter les dragons qui nous entourent, il s’agit d’apprendre à naviguer à leurs côtés. »

Une mésange noire vient de passer

Après les insectes, les oiseaux ! Deux organismes d’État (le CNRS et le Muséum national d’histoire naturelle) publient ces jours-ci les mêmes chiffres. Et le constat est sans appel.

En quinze ans, un tiers des oiseaux auraient disparu des campagnes françaises, à une vitesse vertigineuse. L’effet domino. “Logique, non ? Pas besoin d’être chercheur… les moucherons meurent, donc les oiseaux n’ont plus rien à grignoter.”

Pendant des années, on a beaucoup parlé, beaucoup considéré que “oui, bien sûr, il faut sans doute se pencher sur le problème… vous dites que la mésange noire que l’on apercevait dans l’arbre de la cour, on ne la voit plus depuis l’automne dernier ? Sauf que vous savez… j’ai un budget à boucler, moi, Monsieur… Ça ne rentre pas facilement dans un tableau Excel, un oiseau. Pas très numérique, les plumes” !

On a souvenir, enfant, d’accompagner les chasseurs qui remontaient dans les chaumes fraîchement coupés, pour dénicher des volées de perdrix. Depuis plus de vingt ans, c’est une hécatombe : 80 à 90 % des perdrix rouges ont disparu. Les oiseaux meurent, parce que nos campagnes ne sont plus vivables.

Un professeur du Muséum nous en dit un peu plus : “Que les oiseaux se portent mal indique que c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui se porte mal. Et cela inclut la microfaune des sols, c’est à-dire ce qui les rend vivants et permet les activités agricoles.”

Vous prenez votre voiture, vous quittez la ville, vous marchez à travers un champ et là, vous vous dites : “Voilà, je ne vois rien, mais je suis sur un terrain mortel.” Comme pour les zone irradiées de Fukushima au Japon. Quel terrible constat ! Alors bien sûr que l’on pointe du doigt l’agriculture intensive sensée nourrir la planète… mais à quel prix !

On nous dit que l’on a vu et entendu le week-end dernier, une linotte mélodieuse, friande d’invertébrés à la belle saison et de graines de plantes adventices en hiver, et deux alouettes des champs, près de Meaux.

Et puis là, un petit cri ? Non, rien à voir, c’est un message Twitter sur notre smartphone. Là, par contre, beaucoup d’oiseaux bleus, c’est même le logo de Twitter. Il y a un peu plus de dix ans, quand il a fallu trouver un nom à ce nouveau réseau social, les programmeurs qui travaillaient sur le projet, ont feuilleté les pages d’un dictionnaire. Twist, twit, twitch, twitcher, twitchy... et OK c’est super ! “Le léger chant émis par certains oiseaux”, “excitation, agitation” : Twitter.

En dix ans, on s’est habitué aux punchline limites, aux invectives, aux injures… sur Twitter. On a juste oublié de dresser l’oreille au silence des oiseaux. Ah, une mésange noire vient de passer devant notre fenêtre.

Osso bucco !

Osso bucco !

« — Tu cours toujours le mardi matin aux Buttes-Chaumont, avant de venir à l’agence ? » Depuis cet automne, Régis paraît en belle forme quand il arrive pour sa journée de travail. Apaisé et calme dans ses mouvements.

« — C’est devenu un repère dans ma semaine, je pars de chez moi vers 7 h 40… Une heure de footing tranquille aux Buttes-Chaumont et je reviens prendre une douche.

Et hier matin, en passant près du lac, là où il y a un gros micocoulier, j’ai croisé un groupe d’adultes. Je n’ai pas vu de femmes, mais des hommes de 40 ans, peut-être même 50 ans. Ils étaient tous rassemblés autour d’un homme portant une grosse écharpe en laine et coiffé d’une toque de fourrure. On entendait un bruit sourd, ils parlaient tous en même temps sans que l’on puisse distinguer quelque chose.

Et puis 20 minutes plus tard, quand je suis repassé par le bas du jardin, j’ai de nouveau repéré le groupe. Je me suis dit que j’allais marcher, souffler. Les hommes étaient encore plus près du chef à fourrure. Je me suis fais discret, genre sportif qui intériorise l’effort, et arrivé à trois, quatre mètres, comme un cri poussé, j’ai entendu “Osso bucco” suivi d’un grand “Oooohhhhhhh !” Qu’est-ce que ça voulait dire ?

J’ai repris ma foulée sans me retourner. Et puis au tour suivant, plus personne, plus de groupe, plus de chef à fourrure. Une mère avec une poussette jaune sous le micocoulier parlait au téléphone.

Ce matin, détendu par une heure de course, je retombe sur le groupe. Et là, je me dis que ce n’est pas un hasard… Groupuscule énergétique sur un point cosmo-tellurique, secte complotiste italienne, illuminatis découvrant le symbolisme végétal, francs-maçons vénérant le Grand Architecte de l’Univers ?

Je décide d’adopter la même tactique que la veille. Arrivé près du lac, je commence à marcher, à respirer en rythme avec une approche discrète. Le chef à fourrure a les yeux révulsés, je continue à marcher, quand soudain, un mot jaillit du groupe… “Coq au vin !” Brouhaha, Oooohhhhhhh, aaaahhhh… et puis plus rien. Plus rien.

Et là, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai crié de tout mon souffle : “kebab !” Oui, j’ai hurlé kebab ! Ils m’ont regardé, hagards et sont restés sans voix. Le chef à fourrure est sorti du groupe et a jeté quelque chose par terre : sa toque. Et j’ai repris ma course sans me retourner.

— Et la mère avec la poussette, je suis sûr qu’elle savait la mère… tu ne lui as rien demandé ? Coq au vin, quand même, c’est un signe, non ? »

Galette vs gâteau des Rois

Galette vs gâteau des Rois

Le pays est agité, depuis plus d’un mois, par la contestation contre le projet de réforme des retraites, l’Australie endure des feux de forêt proches de l’Apocalypse, les tensions entre l’Iran et les États-Unis sont très vives, mais la galette de l’Épiphanie est une tradition que les Français ne manqueraient pour rien au monde.

Le 6 janvier, c’est incontournable, tout le monde se réunit, au bureau ou en famille, autour d’une galette. Et là, personne pour critiquer l’aspect religieux de la chose, les Rois Mages, le Christ, l’étoile de Bethléem, l’or, la myrrhe et l’encens… Au pays de la laïcité, tout le monde reprend une part de galette sans état d’âme.

« — Mais Monsieur, c’est païen, la galette! Cela renvoie aux Saturnales romaines, où tout était déjà là… Le 6 janvier, quand les jours commencent à s’allonger de façon sensible, la vraie fève séchée, que l’on cache dans un gâteau, et puis le plus jeune de l’assemblée qui file sous la table pour désigner à qui l’on allait donner telle ou telle part. Et celui qui aurait la fève, qu’il soit esclave ou seigneur, devenait le roi pour la journée. »

Sauf que, encore aujourd’hui, que l’on vive dans le Nord ou dans le Sud, ce n’est pas le même gâteau que l’on déguste entre amis.

Au Nord, les amateurs de galettes à la frangipane qui payent une fortune la garniture à l’amande écrasée, et dans le Sud, ceux qui ne jurent que parle gâteau des Rois, une couronne briochée parfumée à la fleur d’oranger, recouverte de grains de sucre et de fruits confits. Et elle vient d’où, cette scission ? Elle correspond, plus ou moins, aux langues parlées au Moyen Âge, langue d’oïl au nord et langue d’oc au sud. « Galette d’oïl vs gâteau d’oc ».

Mais au fait, on mange de la galette ailleurs qu’en France ? Peu, mais par exemple, ça commence à venir aux États-Unis, sauf que là-bas, c’est compliqué de s’y retrouver. On trouve des galettes, mais avec une fève posée dessus. Alors forcément ce n’est pas la même chose !

Et pourquoi à l’extérieur ? Parce qu’il est interdit de vendre de la nourriture avec un objet à l’intérieur. Le procès est vite dégainé, si quelqu’un se casse une dent… Donc, sur la galette, tu vas trouver une étiquette : “Hide the trinket inside”.

Un des paradoxes de ce pays, qui a peur de s’étouffer avec une fève, mais où tu peux acheter un fusil d’assaut semi-automatique AR-15. Là c’est open bar 24 heures/24!

À New York, Le Pain Quotidien a trouvé la parade, la fève glissée dans la galette est comestible, c’est une amande recouverte de chocolat… Le problème, c’est que beaucoup la mange… et plus de fève, plus de Roi !

Y aura-t-il de la grève à Noël ?

Y aura-t-il de la grève à Noël ?

On ne les entend pas beaucoup, les collapsologues, dans ces moments de grève ! Et pourtant, tout ça ressemble étrangement à ce que l’on va vivre demain, en ville. Une société qui se retrouve bloquée et qui « n’a pas le choix » !

Plus de trains, ni de métros. Et voilà bon nombre de Parisiens qui chaussent leurs baskets, baissent la tête et marchent tôt le matin. Des vélos partout, des trottinettes aussi et des voitures qui klaxonnent dans les embouteillages. Et des réflexes reptiliens qui arrivent à vitesse grand V. Avec la violence comme régulateur de tous les maux.

Jour 14 de la grève. On a pris le bus, mercredi soir, ligne 46. Tu arrives à l’arrêt et déjà c’est tendu, on sait que tout le monde ne va pas monter. Tu calcules où le bus va s’arrêter, pour être à peu près en face des portes latérales.

Sur l’écran de l’abribus, 1 minute et la tension qui monte davantage. Les gens se préparent à bouger. Le bus arrive, l’adrénaline fait son effet. Les portes s’ouvrent, ça crie pour descendre, pour empêcher les gens de monter.

Tu t’engouffres et là… « C’est pas vrai, il y a une grosse poussette, en plein milieu ». Sauf que depuis le trottoir, personne ne l’a vue, cette poussette et tout le monde croit qu’il y a un grand vide. Et ça pousse encore, plus fort.

« Arrêtez, non mais arrêtez, je vais écraser un enfant ! » Derrière nous, un mec hurle : « Tu ne me touches pas ! » Et bien évidemment, ça part en vrille illico, bousculade et empoignade.

« Ne poussez pas, vous m’oppressez ! » « T’es pas content ? Tu laisses ta place ! » Les portes se referment et le bus repart. C’est plus de 15 personnes qui sont restées sur le trottoir. Celles et ceux qui n’ont pas voulu « se battre pour monter » attendront le prochain bus.

Ce que l’on découvre, c’est que les règles ont changé. Que les pulsions refoulées, en temps ordinaire, sont là, au grand jour, sur le trottoir, dans le bus, sur le quai du métro. Tout est à fleur de peau et c’est la guerre, du moins l'exode à ce qu'on image !

La fatigue, la frustration, l’énervement, la rage nourrissent la violence. Celui qui n’accepte pas ces nouvelles règles, eh bien, il n’a rien. Les collapsologues ne nous avaient encore rien dit de tout cela. Sur le fait qu’il va falloir écraser son voisin pour monter dans le bus. Qu’il va falloir se battre pour respirer.

Cette grève pour les retraites, c’est entrevoir de nouvelles règles de vie en commun. Alors bien sûr, demain, il va faire chaud, très chaud et l’on n’entendra plus trop les oiseaux, mais surtout, on va se retrouver confronté à quelque chose que l’on avait oublié… Qu'en situation extrême, voire de survie, le reptilien prend le dessus sur tout !

Les petites misères…

Les petites misères…

Tout le monde s’était préparé. Partout en France, on savait que la mobilisation allait être forte contre le projet de réforme du système de retraite.

Et le jeudi 5 décembre 2019, ce sont plus de 800 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, qui ont défilé dans les rues. Une mobilisation que l’on n’avait pas vue depuis les grandes grèves de 1995 contre le plan Juppé sur les retraites (déjà !) et la Sécurité sociale. Paris s’était alors retrouvé sans métro pendant près de trois semaines.

« Il y a quelque chose dans l’atmosphère ! » Une météo sociale houleuse, de fortes bourrasques de ras-le-bol. On avait pensé qu’après une année de manifestations des Gilets Jaunes, la contestation avait été matée.

Et puis voilà. Se sont retrouvés pour battre ensemble le pavé, salariés du public, enseignants, cadres du privé, étudiants, retraités, pompiers, travailleurs indépendants, Gilets jaunes, corps médical et hospitalier. Comment expliquer qu’autant de catégories différentes de la population se mobilisent contre une réforme qui nous est présentée comme plus juste ? Une retraite universelle ?

La comédienne engagée Ariane Ascaride a déclaré sur un plateau télé : « Ça fait trente ans qu’on nous dit que la seule solution, c’est l’individualisme. Écraser le voisin, oublier la solidarité et glorifier la concurrence effrénée… On en crève, les gens n’en peuvent plus du néolibéralisme ! » Quelque chose est en train de se fissurer.

Partout dans le monde, face à la crise qu’ils traversent, les libéraux ont choisi l’absence de dialogue, le passage en force et une répression méthodique. Partout, la rue s’organise et se durcit.

Au milieu de la tempête, on savoure les pépites de la playlist de Radio France en grève, elle aussi. Et Bertrand Belin, de fredonner, de sa voix iodée : « Tous tes commentaires hilarants sur la Terre qui tourne. Entre taff et tout. Tout s’efface lentement. Tout lentement. Tout finit comme un os… »

«Rêve générale » en sticker sur la veste des manifestants. Sur les chaînes d’infos en continu, on ne parle que de privilèges, de privilégiés et de régimes spéciaux. Et malgré ce matraquage, les Français soutiennent les grévistes.

Et l’on découvre que la plus grande inégalité touche majoritairement les femmes. La pension moyenne que perçoivent les femmes est de 1 123 €, soit 42 % de moins que la pension moyenne des hommes (1 933 €). Comment en est-on arrivé là ?

Place de la République, une banderole que l’on n’avait pas repérée tout de suite, déployée sur le toit d'un immeuble. « Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves, des petits ruisseaux. » Victor Hugo.

Planter un arbre

Planter un arbre

« C’est un tilia tomentosa avec une couronne bien régulière. Et vous verrez cet été, votre jardin sera embaumé d’un parfum très marqué. Les bouquets de fleurs de tilleul attirent les abeilles. Vous allez même pouvoir faire des infusions… très apaisantes. »

Le week-end dernier, on a planté un arbre, un tilleul argenté. C’est le tilleul commun que l’on trouve dans les villes pour une raison simple : il résiste bien à la pollution et à la sécheresse. On est parti en Sologne pour voir ce qui existait dans le grand centre horticole de la Ferté-Beauharnais.

Ce week-end-là et pas un autre. « À la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine ! » Enfant, on entendait souvent les anciens dans les campagnes professer ce dicton comme un mantra.

« À la Sainte-Catherine ! » C’est le 25 novembre et ça correspond à l’époque où la sève des arbres caducs (ceux qui perdent leurs feuilles), descend dans les racines. Plus de sève donc dans les branches, les feuilles se détachent et l’arbre se met en hibernation, il s’endort en surface. Seules les racines vont rester actives et continueront à pousser jusqu’aux grands froids. D’où l’intérêt de planter fin novembre.

Au printemps suivant, l’arbre repartira avec d’autant plus de vigueur que son système racinaire sera bien développé. Il sera plus résistant à la sécheresse estivale.

Ce qu’on avait en tête, c’est un arbre déjà grand qui pourrait nous faire un peu d’ombre à l’été prochain. Un tronc de 4 mètres de long et de 12 centimètres de diamètre. Sur place, on nous prêtera un gros 4 x 4, un Titan avec un plateau mobile pour transporter le tilleul. « Vous n’aurez plus qu’à le faire glisser dans le trou. »

Planter un arbre aujourd’hui, en sachant qu’il va mettre plusieurs années avant de prendre sa place dans le jardin. Planter un arbre, en se projetant cet été, ou sans doute dans deux étés, assis sur une chaise à l’ombre de ses larges feuilles argentées.

On a fait glisser l’arbre. On l’a stabilisé bien vertical et on a remis la terre sans la tasser au pied. La pluie se chargera de bien stabiliser l’ensemble.

En fin de soirée, on a repris le train pour Paris en se disant qu’on laissait sur place dans le Berry, un être vivant qui va s’éveiller au printemps prochain et nous accompagner pour les prochaines années. Et qu’il sera là quand nous n’y serons plus.

– 80 % pour le Black Friday !

– 80 % pour le Black Friday !

Tout commence dans les années 1960 aux États-Unis. À l’approche des fêtes de fin d’année, les commerçants veulent liquider leurs stocks…

Et quoi de plus approprié pour lancer une journée d’achats massifs, que le lendemain de Thanksgiving – le quatrième jeudi de novembre –, où tout le monde a fait cuire la dinde en famille ? Le Black Friday était né.

Les sixties, c’est aussi l’essor de la publicité et de la société de consommation, où les gens commencent à acheter tout et n’importe quoi. Donc OK pour le Black Friday, fin novembre.

Black Friday. Le vendredi noir. Le vendredi de folie qui marque le début du grand délire consumériste mondialisé. Des sommes astronomiques sont dépensées en quelques heures. Chaque année, des records de vente sont enregistrés et les émeutes qui les accompagnent sont devenues légendaires. Elles sont visionnées des milliers de fois sur YouTube.

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont envahis de promotions à saisir… – 70 % pendant 24 heures sur un téléviseur écran plat, format géant. Ici, – 75 % sur un robot de cuisine, et là – 80 % sur un canapé en cuir.

Les gens ne savent plus où donner de la tête pour acheter, acheter, et encore acheter. A tel point que certains n’hésitent pas à prendre un crédit à la consommation spécialement pour le Black Friday. « Je consomme, donc je suis. »

Le phénomène est arrivé, en 2014, en France. Les attentats de novembre 2015, à Saint-Denis et à Paris, ont imposé une certaine retenue. C’est donc en 2016 que le Black Friday a vraiment décollé et que les cartes bleues ont commencé à chauffer sérieusement.

Cette année, le Black Friday, ça sonne bizarrement, en France. Hasard du calendrier, cela tombe le vendredi 29 novembre, quelques jours avant le jeudi 5 décembre, où l’on va vivre une journée de grèves et de mobilisation sociale comme on n’en a pas vu depuis 1995.

Au-delà du débat sur la réforme des retraites, beaucoup de gens vont exprimer leurs difficultés à boucler les fins de mois. Sans parler de l’urgence climatique. Notre hyper consommation, voire notre gaspillage, est certainement la principale cause de l’état d’épuisement de la planète. On consomme trop de tout, tout le temps.

Le Black Friday met le doigt sur un glissement très révélateur. Au siècle dernier, c’était les fêtes nationales, religieuses ou républicaines, qui justifiaient l’achat, le cadeau. Aujourd’hui, on achète et c’est pour cela, que c’est la fête.

La fête, le spectacle et l’excitation de vivre un moment incroyable pour attraper un écran plat en promotion à – 70 %. Attente, bousculades, bagarres et émeutes, et puis retour à la maison avec le précieux butin et le sentiment d’avoir vécu une aventure.

Mais l’aventure, la vraie, elle ne peut qu’être humaine et partagée. Et là, il n’y a pas de réduction !

100 Pauses by Noise

100 Pauses by Noise

« On a besoin qu’il y ait une parole, un point de vue… Quelque chose de régulier sur le site de Noise. Un rendez-vous hebdomadaire pour une pause. Quelque chose qui dit de nous. Quelque chose qui nous dit ! » Septembre 2017, c’était hier.

En deux années, ce sont 100 Pauses qui ont raconté quelque chose du regard de Noise sur le monde. C’était hier et tout s’est accéléré depuis.

L’état de la planète s’est considérablement détérioré. Les insectes, les oiseaux, certains animaux sont en voie de disparition de façon irrémédiable. Les incendies et les ouragans dévastent la nature ou les aires urbaines. Les inondations sèment le désarroi partout.

Depuis deux ans, on n’a jamais construit autant de murs, alors que l’on vient de fêter le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Aujourd’hui, les hautes grilles, les murs, les miradors visent à dissuader toute véléité de migration. Tout a basculé. Le monde se referme.

Deux ans et les inégalités sociales longtemps dissimulées sont devenues criantes. Les milliardaires ont vu leurs fortunes augmenter toujours plus, pendant que la très grande majorité de la population mondiale s’appauvrissait ou sombrait dans la précarité, voire la misère.

Les révoltes sociales explosent aux quatre coins de la planète. De la Bolivie à Hong Kong, du Liban à l’Inde, du Chili à l’Iran. En France, les Gilets jaunes viennent de fêter le premier anniversaire de leur mobilisation.

#metoo et #balancetonporc ont mis au jour les violences faites aux femmes dans de nombreux milieux professionnels ou dans la rue au quotidien. La parole se libère du silence imposé.

Le bio. Le tri. Le trop d’informations qui nous submerge… Et puis Notre-Dame de Paris en flammes, Venise sous l’eau. Google partout. Greta. Johnny. Donald. Le manque de sommeil. « I’m the Dude, man ! »  L’accélération devient pressante et généralisée.

100 Pauses, deux ans. Et plus que jamais, le besoin de ralentir. Le besoin de prendre le temps de regarder, d’écouter, de comprendre le monde. Le besoin de lire et de réfléchir.

Aller voir une exposition. Découvrir un reportage photo. Partager une pièce de théâtre avec des amis. Être ému aux larmes, seul, dans une salle de cinéma. Consacrer deux heures à la lecture d’un roman. Cinq minutes à un poème. Vibrer encore et toujours à un concert de rock. Se ressourcer.

Semaine après semaine, on n’a pas vu le temps passer en écrivant ces histoires. On s’est juste arrêté quelques minutes pour regarder le monde. Faire une pause.

Tiens, au fait, on n’a pas retrouvé l’autre chaussette. On a toujours une orpheline au fond du tambour du lave-linge.

Vous avez tout vu !

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