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Les chief happiness officers ne font plus rire

« Alors t’as vu, dans les start-up, il paraît qu’avec le Covid, c’est compliqué pour les chief happiness officers ! » On a fait oui de la tête et discrètement, on a ouvert Google pour tomber sur la rubrique “responsable du bonheur”.

L’occasion de découvrir l’univers du bien-être au travail, le team building plus ou moins grotesque où tu construis une super belle étoile en planchettes Kapla avec tes collègues de bureau, au prétexte que tout ça renforce la cohésion du groupe.

La profession de chief happiness officer est née dans les start-up de la Silicon Valley, il y a une quinzaine d’années. Travailler dans une start-up, c’est ressentir une grosse pression avec comme Graal, le culte de la performance. Sauf que rapidement, les jeunes start-uppers ont fatigué. On a beau travaillé en short en grignotant des chouquettes, l’épuisement lié au rythme du travail est venu frapper presque un collaborateur sur deux. Le burn-out, comme un gros disjoncteur.

Et là, plutôt que de remettre l’humain au centre du schéma, on a sorti du chapeau le chief happiness officer. « Hé mec, logique, si les forces vives d’une entreprise ont une petite baisse de moral, c’est qu’il faut leur apporter du bonheur. » Le chief happiness officer, c’est l’idée que l’entreprise est vraiment gentille avec vous.

« Une start-up, vous savez vraiment comment ça fonctionne ? Ça va très vite, toujours plus vite, et si on a besoin que vous restiez deux, trois heures supplémentaires le soir, vous n’allez pas faire la gueule… puisqu’on vous dit qu’on vous aime ! »

Mais le Covid-19 est venu balayer tout ça. Le chief happiness officer est rapidement apparu comme le symptôme de tout ce qui ne va pas dans l’entreprise. L’humanisation du travail, ce n’est pas le petit déjeuner healthy sans gluten ni le cours de chant bouddhiste.

Le télétravail a demandé à chacun beaucoup plus. Travailler dans de petits espaces, quand les enfants sont là. La découverte que le professionnel empiétait bien trop souvent sur le temps familial ou personnel. La bienveillance, la flexibilité, la gratitude ont finalement fait beaucoup plus pour resserrer les liens, et créer un vrai sentiment d’appartenance, qu’un escape game géant, suivi d’un cocktail.

Les responsables du bonheur ont un problème, la sortie de crise risque de se faire sans eux !