Les chênes de la reconstruction
C’était il y a deux ans, presque jour pour jour, le 15 avril 2019. On est tombé sur un tweet, une vidéo inimaginable de Notre-Dame : les flammes embrasaient la cathédrale !
Aujourd’hui, les travaux de sécurisation sont achevés et la reconstruction du bâtiment va pouvoir commencer. C’est plus de 150 artisans qui vont œuvrer : des tailleurs de pierre, des échafaudeurs, des maîtres verriers, des maçons, des grutiers, des couvreurs, des charpentiers.
Pour cette reconstruction, on va acheminer quantité de matériaux, mais on a surtout choisi ce qui symboliquement a disparu, cette nuit-là, le bois. Celui qui va redonner naissance à la flèche, ainsi qu’à la charpente du transept.
Cet hiver, 1 300 arbres ont été sélectionnés dans toutes les régions de France, et ce sont huit grands chênes de la forêt de Bercé dans la Sarthe, qui serviront à rebâtir le joyau de Viollet-le-Duc, le socle de la flèche. Cette forêt avait été plantée au XVIIe siècle par Colbert pour le compte de la marine royale, afin d’assurer la pérennité et la grandeur de la flotte française.
Ces arbres sont exceptionnels, ils ont plus de 200 ans… impressionnant d’imaginer qu’ils ont été plantés vers 1800. Napoléon est couronné en 1804, et alors que l’on bataille à Austerlitz, l’année suivante, on plante méthodiquement des chênes en sachant qu’il faudra des siècles avant qu’ils puissent être abattus. « C’est un peu une histoire de France naturelle qu’on va utiliser pour refaire cette charpente historique. »
Le premier arbre sélectionné pour la flèche est haut de plus de 20 mètres, un long tronc sans branche. Un chêne unique qui est estimé à plus de 10 000 euros (tous les arbres sélectionnés pour la reconstruction ont été donnés par le Domaine).
Les chênes de la reconstruction ont été abattus avant l’arrivée du printemps et la montée de sève. Des bois « ressuyés » qui vont rester à sécher entre 12 et 18 mois, pour qu’une bonne partie de l’humidité disparaisse. L’objectif est de commencer le travail de charpente l’année prochaine, pour finaliser l’ensemble en avril 2024. Soit cinq années de travaux comme envisagé par le président de la République.
Depuis quelques années, les forestiers alertent sur l’état de la forêt française qui souffre du réchauffement climatique. On essaye de reboiser, avec des essences plus ou moins résistantes, sans certitudes. Dans deux cents ans, restera-t-il des chênes d’exception ? Rien n’est moins sûr !