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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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L'effet barquette

Personne n’avait fait le lien. Qui aurait pu imaginer, fin février, que l’invasion de l’Ukraine par la Russie allait avoir comme conséquence directe… de remettre en cause l’existence même de la barquette de frites ?

Deux mois après le début de la guerre, les rayons d’huile des supermarchés sont en partie vides. Et l’on a vu fleurir des affichettes annonçant « Pas plus de deux bouteilles d’un litre d’huile de tournesol, par personne ».

La raison est toute simple, l’Ukraine est le plus grand producteur d’huile de tournesol, soit 50 % des exportations mondiales. Avec la guerre aux portes de l’Europe, la fourniture des 200 000 tonnes mensuelles d’huile de tournesol a été stoppée, dès le début du mois de mars.

Alors, depuis quelques jours, c’est une “drôle de quête” que les professionnels de la frite mènent au quotidien. Trouver de l’huile, coûte que coûte ! Contacter tous les fournisseurs, traquer la moindre piste, être en alerte permanente, se déplacer immédiatement, dès que l’on entend parler d’un point de vente approvisionné.

« Ce n’est pas compliqué ! On est passé de 30 euros le bidon, à 75 euros. Et chez certains fournisseurs, la barre des 100 euros a été dépassée ! » Les grossistes ont été contraints de rationner. Chez Metro, c’est 2 bidons de 25 litres par personne et par jour, pas plus. 

Au point que les restaurateurs et les friteries se retrouvent à devoir proposer à leurs clients des alternatives aux produits frits.

Le prix de la barquette s’en ressent, 4 euros, à la place de 3,50 euros.

« Et le client ? Comment réagit-il ? »

« Les gens comprennent, mais ça ne règle pas le problème de l’approvisionnement, je ne trouve pas d’huile ! »

Chez nos voisins britanniques, c’est un véritable symbole qui se retrouve menacé par la crise, le fish and chips. Entre 30 % et 40 % du poisson utilisé pour les fish and chips venaient de Russie. Faute d’huile ukrainienne, le poisson frit enveloppé dans du papier journal fait défaut, outre-Manche.

C’est peut-être ce que l’on appelle l’effet papillon… qui en dit long sur l’extrême fragilité de nos systèmes économiques. « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » 

Au-delà de la pénurie d’huile, c’est l’incertitude qui refait surface. Isabelle, de la friterie des puces de Vanves l’évoque avec inquiétude : « Avec cette histoire d’huile, on ne peut pas se projeter sur le long terme, car personne ne sait comment les choses vont évoluer. Aujourd’hui, je travaille sans même savoir si je vais gagner quelque chose ! »

Quand les perspectives de vie tiennent dans une barquette de frites, sauce Samouraï !