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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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Le partage du gâteau

On n’y arrive pas. Qu’on prenne le problème par n’importe quel bout, on n’arrive pas à faire prendre conscience aux gens de l’urgence environnementale…

Les climatologues, les spécialistes nous répètent : “Nous voyons ce qui va se produire, c’est ça qui est frustrant car nous avons sous les yeux, jour après jour, l’évolution de la catastrophe… et quoi qu’on fasse, rien, rien ne se passe.”

Certains ajoutent même : “C’est épuisant, stressant, déprimant ! Après une période d’espoir, nous n’y croyons plus… Nous ne croyons plus au fait qu’on va arriver à déclencher une réaction pour lutter contre le réchauffement climatique et à éviter ce que l’on a prédit. La démission de Nicolas Hulot a été comme un coup de massue. Et pourtant, on n’a pas le choix, il faut y croire !”

On n’y arrive pas, parce que l’on n’arrive pas à détourner l’attention des gens de la priorité du quotidien. Payer son loyer, régler la cantine des enfants, rembourser ses crédits… Le réchauffement climatique passe après tout ça. L’urgence pour beaucoup, c’est de ne pas tomber, de ne pas se retrouver à la rue. “Hé ! les mecs, puisqu’on vous le dit… continuer à acheter votre grosse voiture, on trouvera des solutions, c’est garanti. On y travaille, on trouvera des solutions ! On va l’aspirer tout le CO2, on va le construire, le gros aspirateur, soyez pas inquiets !”

Ça fait trente ans que l’on tient le même discours… et pas de mesure, pas d’action. On n’y arrive pas… On se souvient de Jacques Chirac au sommet de la Terre, à Johannesbourg, en 2002 qui avait eu cette formule qui avait frappé les esprits : “Notre maison brûle et nous regardons ailleurs”.

Sauf qu’aujourd’hui, l’urgence n’est plus la même : pour des millions de personnes qui n’ont même plus de maison, il s’agit d’abord de sauver sa peau. Ce sont les migrants qui traversent la Méditerranée, alors qu’on les avertit qu’ils ont de très grandes chances de mourir en mer.

Les gens n’ont pas le choix. Leur vision n’est pas pour les vingt ans à venir, mais pour demain, la semaine prochaine. Survivre coûte que coûte. Les inégalités sont aujourd’hui bien trop fortes (elles n’ont jamais été aussi fortes), pour que les gens pensent à autre chose.

C’était en 1984, et l’abbé Pierre tenait un discours au Palais des Congrès de Paris : “Le contraire de la misère, ce n’est pas la richesse, non. Le contraire de la misère… c’est le partage !” On n’a pas le choix. Il va bien falloir partager.