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Le mystère Vivian Maier

On ne sait que très peu de choses de la photographe américaine Vivian Maier exposée actuellement au Musée du Luxembourg. Pourquoi cette femme, qui n’était pas professionnelle, mais une nounou au service de familles à New York et à Chicago, pourquoi cette femme a tant photographié les gens dans la rue de l’Amérique des années 1950 à 1980 ?

Ce n’est que très récemment que cette histoire incroyable a été révélée au grand public. Depuis, Vivian Maier a fait l’objet de nombreuses expositions et publications. On est en 2007, et lors d’une vente aux enchères, à Chicago, John Maloof, un jeune agent immobilier achète, par hasard, une partie du contenu d’un box au loyer impayé. Une grosse malle remplie de plus de 30 000 négatifs, des diapositives et des effets personnels ayant appartenu à une femme inconnue.

Cet agent immobilier cherche des photos anciennes pour illustrer un livre d’histoire sur Chicago. Il commence à trier et se rend rapidement compte que certaines prises de vue, d’une grande beauté graphique, sont contemporaines des plus illustres photographes américains de l’après-guerre, Robert Frank ou Garry Winogrand, par exemple. Des photographes qui ont saisi l’Amérique au quotidien. Ce que l’on a appelé la street photography.

John Maloof va remonter la piste pour découvrir que Vivian Maier est décédée en 2009, à l’âge de 83 ans, qu’elle n’a pas eu d’enfant, qu’elle vivait seule et qu’elle était quelque peu excentrique et obsessionnelle. Le mystère s’épaissit quand il découvre qu’elle a pris plus de 140 000 photos, qu’elle n’en a tiré que 5 %, et qu’un tiers des pellicules retrouvées n’ont jamais été développées. Toute cette incroyable histoire, John Maloof va la raconter, en 2013, dans un film documentaire, « Finding Vivian Maier », aux allures d’enquête policière.

Dans sa pratique, Vivian Maier saisit des tranches de vie. Elle compose avec précision des images où cristallisent détachement et empathie. Quelque chose de proche et de distant.

Elle a incontestablement un regard pour rendre visibles des personnes que l’on ne voit pas d’ordinaire. Des gens de conditions modestes, d’autres au bord de la misère. Pourtant, une question reste sans réponse : pourquoi a-t-elle pris autant de photographies ?

Elle ne souhaitait sans doute pas conserver des images, mais juste capturer des moments en s’approchant des autres. Peut-être, une façon d’exister.

Une photo à Chicago, en 1960, une scène de rue, sans doute une sortie de bureau, retient toute notre attention. Une photo d’une incroyable modernité. Un couple passe, pendant qu’un homme retient une femme contre le mur d’un l’immeuble. Il l’entoure de ses bras. Une scène de contrainte physique. À la même époque, il n’existe pratiquement aucune photo montrant cela. Pour une raison simple. C’est que tous les grands photographes d’après-guerre sont des hommes. Il faut le regard d’une femme pour en faire une image.