Le feu se propage
Au départ, c’est quasiment rien. Un détail, qui pourtant va allumer la mèche et provoquer une déflagration.
Au Chili, c’est le ticket de métro qui augmente de 30 centimes. En Inde, ce sont les oignons… les inondations de ces derniers mois ont eu comme conséquence de tripler voir de quadrupler le prix de l’oignon qui est l’aliment de base pour la population la plus pauvre.
Depuis quelques semaines, ce sont des milliers de Libanais qui sont dans les rues de Beyrouth et de Tripoli, au départ pour protester contre un projet de taxe sur WhatsApp et à présent pour dénoncer la corruption des dirigeants politiques.
En France, il y a les Giles jaunes qui expriment leur colère depuis une année. Dernièrement, ce sont les étudiants qui manifestent pour alerter sur leur précarité et les personnels hospitaliers qui se mettent en grève pour réclamer plus de moyens.
A chaque fois, un détail, une goutte d’eau qui fait basculer la foule. À première vue, on pourrait se demander : “Mais qu’est-ce que c’est que ce chaos partout dans le monde ?”
Et ça continue ailleurs. Au Soudan, le prix du pain a triplé. En Equateur, l’annonce de la fin des subventions sur les carburants a fait bondir les prix à la pompe de plus de 100 %. Et puis encore à Hong Kong, en Irak, à Barcelone, en Egypte, en Algérie, à Haïti, en Bolivie, au Venezuela, en Guinée. En Arabie Saoudite, le gouvernement a voulu s’en prendre au narguilé.
« — Le Chili et Hong Kong ! Ça n’a pourtant rien à voir, non ?
— Tu oublies juste le 11 septembre !
— Mais qu’est-ce que ça vient faire, le 11 septembre ?
— NYC bien sûr… mais il en existe un autre : le 11 septembre 1973 au Chili, c’est Pinochet qui renverse Allende et plonge le pays dans quinze ans de dictature avec l’appui de la CIA et l’arrivée d’économistes chiliens formés à l’université de Chicago, les bien nommés “Chigago boys”. Mais c’est aussi la naissance du néolibéralisme à marche forcée, un bulldozer économique qui va tout écraser ! C’est TINA, le slogan de Margaret Thatcher, la dame de fer du Royaume-Uni : “There is no alternative”. Circulez il n’y a rien à contester, rien à dire. Alors les gens baissent la tête. »
Cela fait plus de trente ans que partout dans le monde, ça se fissure pour les mêmes raisons : le pouvoir d’achat qui ne permet plus de vivre, l’accroissement des inégalités sociales, la précarité, le rejet massif d’une classe politique perçue comme privilégiée et déconnectée de la réalité. L’uberisation de la société. Alors la contestation devient contagieuse…
Et partout la même réponse. Dans un premier temps, les responsables politiques font machine arrière en suspendant ou retirant, ce qui a mis le feu, sauf qu’il est souvent trop tard. Le pouvoir en place découvre que le malaise est beaucoup plus profond. Alors pour mater la colère, on envoie la police pour une répression massive. La porte est entrouverte, il y a peut-être une alternative !