La réponse méditative
La méditation, ce fut longtemps un cliché à l’image des Beatles à la fin des sixties.
En 1968, ils déboulèrent cheveux au vent à Rishikesh, une ville sainte au nord de l’Inde, pour s’abreuver des mots de Maharishi Mahesh Yogi, un gourou qui leur fit découvrir les vertus incomparables de la méditation transcendantale, dont se revendique encore aujourd’hui le cinéaste David Lynch, par exemple.
Sauf que l’histoire méditative de John, Paul, George et Ringo tourna court, quand le gourou viola l’une des compagnes des Beatles. Mais tout ça, c’était il y a cinquante ans. Et la méditation s’est débarrassée de sa dimension spirituelle ou religieuse, pour devenir une pratique quotidienne permettant de retrouver le calme intérieur et la bienveillance.
Récemment, la méditation pleine conscience a même fait son entrée à l’hôpital Sainte-Anne à Paris où exerce le psychiatre Christophe André. Au cœur de cette pratique, l’attention, le maître mot du XXIe siècle.
« Quand on médite, explique le médecin, on passe du temps à recentrer son attention sur l’objet que l’on choisit : le souffle, le corps, les sons, l’examen de ses pensées. »
Car cette attention est devenue le Graal contemporain que tout le monde cherche à capter. Par tous les moyens : les pubs, les écrans, les smartphones, les applications. Et pour capter cette attention, rien de mieux que de provoquer une forte émotion avec les dégâts collatéraux que cela engendre.
« Comme il y a des perturbateurs endocriniens, il existe aujourd’hui des perturbateurs attentionnels, moins visibles mais plus dangereux pour nos capacités intellectuelles et émotionnelles. » La méditation va nous permettre de réguler tout cela.
Un exemple, c’est très différent de penser : « Ce mec est une ordure, je le hais plus que tout ! » et « Je suis en train de me dire que ce mec est une ordure, et je suis en train de me dire que je le hais plus que tout ! »
Il y a une distance qui permet à mon émotion de se décanter. Comme la boule à neige d’Amélie Poulain. Il suffit d’arrêter de la secouer pour voir la neige retomber toute seule. Au quotidien, pris dans l’engrenage de l’accélération, de l’hyperconnexion aux écrans et de la distraction, notre cerveau est sans cesse stimulé.
Christophe André reste persuadé que la méditation répond à une crise de l’époque. « Tout comme l’activité physique est devenue essentielle pour compenser notre sédentarité, la méditation vient pallier les carences invisibles — lenteur, calme, continuité, temps de réflexion — dont nos vies nous privent. »
Donc le matin et si l’on peut le soir après le dîner, accordons nous dix minutes à simplement prendre soin de nous.