La longueur des cheveux
Depuis le 11 mai, les héros du confinement ont passé le relais aux véritables sauveurs du déconfinement, les coiffeurs !
En première ligne et bravant le danger de l’épidémie de Covid-19, il y a eu les héros du confinement. Sans eux, rien n’aurait été possible durant ces 55 jours. Médecins, infirmières, commerçants, caissières, éboueurs, taxis, livreurs de repas… Depuis le 11 mai, ils ont passé le relais aux véritables sauveurs du déconfinement, les coiffeurs !
Fin avril, quand le président de la République a annoncé la date de sortie, nombre de Français ont décroché leur téléphone pour prendre rendez-vous.
« — Oui, bonjour Sophie, comme je suis contente de pouvoir vous parler. Je souhaiterais prendre rendez-vous pour le lundi 11 mai, au matin. Comment ? Ça ne va pas être possible avant le samedi 16 à 18 heures ? Mais Sophie, vous ne vous rendez pas compte, ma couleur est catastrophique, je ne peux pas sortir comme ça ! »
En quelques semaines, tout le monde a mesuré l’importance d’une profession souvent ignorée, pour ne pas dire, moquée. Ce n’est pas complètement « Startup nation » et économies numériques que de se pencher sur les mèches, les franges et le brushing de madame Parmentier.
En temps normal, le cheveu, c’est un million de Français qui se rendent, chaque jour, chez leur coiffeur. C’est le deuxième secteur de l’artisanat, après le BTP.
Durant 55 jours, certains ont été tentés de braver les interdits, en se lançant dans la pratique intuitive des ciseaux avec quelques catastrophes en vue. Rien n’y a fait, la coloration pour les nuls, le tuto frange, ou le tuto tondeuse à pratiquer avec parcimonie…
Le cheveu, c’est deux centimètres par mois, donc logiquement après deux mois, c’est comme une pelouse qui n’a pas été tondue. L’oreille qui était toujours bien dégagée s’est retrouvée engloutie sous le poil.
Chez les hommes, c’est souvent une question de dignité, voire d’identité. Pour tout ceux qui travaillaient en vidéoconférence, cela tournait à l’humiliation, à chaque connexion Zoom. Côté femmes, avec quatre centimètres de repousse, la moitié des blondes sont quasi devenues brunes, faute d’entretien de la couleur.
Le 11 mai au matin, c’est toute une vie sociale qui a repris.
« Oui, bien sûr, le confinement, la privation de liberté… mais moi je vais vous dire, ce qui m’a le plus manqué, c’est de parler avec ma coiffeuse. Ça fait plus de quinze ans que tous les vendredis, je parle avec Sophie, elle connaît tout de ma vie… c’est un peu ma psychanalyste à moi ! »