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La force de se battre pour réussir

« Je n’ai jamais vu Johnny sur scène. Pas l’occasion. Au moment des premiers concerts de l’adolescence, je me suis tourné vers Zappa et les Clash. Dans les années 1980, c’est dans Détective de Godard que j’ai découvert Johnny au cinéma, trouvant qu’il avait vraiment une gueule, une présence. Mais toujours pas de concert de Johnny…

Le premier souvenir, enfant, c’est dans les années 1966 ? 67 ? Un de mes cousins racontait cette anecdote. Il avait été voir Johnny, comme il avait été voir Antoine. Les deux phénomènes musicaux du moment. Antoine, parce que c’était la première fois que l’on voyait un homme avec des cheveux longs. Et Johnny, parce que c’était une curiosité. Johnny hurlait, il se roulait par terre en étant couvert de sueur, torse nu comme un catcheur, un boxeur.

C’était le détail qui m’avait intrigué. Le combat physique de Johnny. Antoine, d’ailleurs, dans sa chanson étendard Les Élucubrations d’Antoine, menaçait “d’enfermer Johnny Hallyday dans une cage au cirque Medrano”. Comme un animal. Une bête de scène donc.

C’est plus tard que je compris. Après avoir vu Elvis et son jeu de bassin, et Marlon Brando descendant un escalier dans Un Tramway nommé désir. Je découvrais que Johnny, c’était un corps. Alors oui, bien sûr que c’était une voix puissante, mais c’était avant tout un corps qui explosait dans la société des années 1960.

C’était la jeunesse du baby-boom, qui découvrait et s’appropriait le rock, une musique à elle et qui n’écoutait plus celle de ses parents. Une musique et tout ce qui va avec. L’énergie, la liberté, le désir sexuel. Une jeunesse qui a des envies et qui le dit, le crie, le revendique. Une jeunesse qui se reconnaît dans une idole de son âge.

Johnny voulait prouver à son public, il voulait prouver à la France entière… Il voulait prouver à son père qui l’avait délaissé, enfant. Et ça, c’est quelque chose qui m’avait touché, aux larmes… sans même l’avoir jamais vu en concert. »

En 1998, dans Le Monde, Johnny se confie à Daniel Rondeau : « Si j’avais été un petit garçon heureux, pleinement heureux, serein, je n’aurais peut-être pas eu cette force de me battre pour réussir ! »

« Tourner le temps à l’orage
Revenir à l’état sauvage
Forcer les portes, les barrages
Sortir le loup de sa cage
Sentir le vent qui se déchaîne
Battre le sang dans nos veines
Monter le son des guitares
Et le bruit des motos qui démarrent

Il suffira d’une étincelle
Oui, d’un rien, oui, d’un geste
Il suffira d’une étincelle
Et d’un mot d’amour, oui pour

Allumer le feu, allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu, allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Allumer le feu… »