Je gorafise, tu gorafises, ils gorafisent !
C’est un message retweeté des milliers de fois, le jour où Emmanuel Macron annonçait la suppression de l’ENA, tout en souhaitant la remplacer par une autre école. Un tweet du Gorafi : « Le gouvernement pourrait prendre de nouvelles mesures en cas de … oh et puis merde, on s’en tape, y’en a marre… ! Démerdez-vous sans nous ! »
Le célèbre site parodique n’arrive plus à suivre, tellement les déclarations des politiques de tous bords virent à la parodie, voire à l’absurdité, sans que leurs auteurs ne s’en rendent compte. Tout devient gorafique. Pierre-Jean Chalençon en sosie de Polnareff organisant des dîners napoléoniens comme farce du 1er avril… bien sûr que c’est gorafique. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, allant chercher des hackers russes pour expliquer le désastre du plantage généralisé des cours à distance… encore gorafique !
« Comment ? Hé oui, Gorafi, c’est l’anagramme de Figaro et c’est volontaire… C’est à l’occasion de la campagne présidentielle de 2012, qu’on a eu l’idée. » Près de dix ans plus tard, la logique des réseaux sociaux, le toujours plus racoleur, plus excessif, plus clivant a fini par rattraper Le Gorafi qui, aujourd’hui, baisse un peu les bras. « L’absurdité fait vendre, et tout le monde s’engouffre dans la brèche ! »
Comment lutter contre un ministre qui annonce sur une chaîne d’info, ému et admiratif, qu’« Emmanuel Macron est un grand épidémiologiste » ? Comment tenir la barre quand les éléments de langage rôdent du matin au soir, au milieu de polémiques préfabriquées à l’envi pour être relayées ? « Écoutez, Madame, cette troisième étape de la pandémie n’est pas un confinement, ce sont des mesures de freinage massif. » La réalité serait-elle en train de disparaître ? On ne sait plus trop, alors Le Gorafi essaye tant bien que mal de rebondir.
« Flash - Le lycéen qui a réussi à se connecter au site ParcourSup’ 2021 défilera, ce dimanche, sur les Champs-Élysées. »
« Emploi - Les chômeurs devront aller pointer à leur agence de Pôle Emploi en courant, pour prouver leur motivation. »
Car nous en sommes là. Et pour Le Gorafi, à ce stade d’incompréhension généralisée, nul besoin d’inventer, de déformer, de rendre plus absurde un réel médiatique qui l’est suffisamment devenu.
Allez, pour la route : « France - Réfugié, il décide de devenir raciste pour s’intégrer plus rapidement. » Et un dernier, par pur plaisir : « Valeurs Actuelles - Une enquête sur un fait divers annulée faute de musulman impliqué. »
La gorafisation générale est en route, les temps sont durs pour le second degré !