Influenceurs jusqu’où ?
Il fut un temps, dans l’ancien monde, où nos idoles étaient des chanteurs de groupes de rock, des acteurs ou des actrices de cinéma. On se projetait, on rêvait. On se construisait une identité à leur image. Dans le Nouveau monde, les idoles, ce sont les influenceurs.
Dans les cours de récréation, on ne parle que de Lena Situations, Mc Fly & Carlito, EnjoyPhoenix ou Squeezie (14 millions d’abonnés) : des garçons et beaucoup de filles qui vivent en se racontant auprès de leur communauté sur les réseaux sociaux. Ils sont plusieurs milliers en France et près des trois quarts ont entre 1 000 et 50 000 abonnés. Leurs sujets de prédilection : le lifestyle, la mode et la beauté.
Au départ, il y a une passion ou un savoir-faire, mais c’est souvent l’envie de gagner de l’argent qui est le vrai moteur. « Et tu peux passer un BTS d’Influenceur ? » Eh bien, non. « Règle numéro un : il faut être beau, classe, et ça, c’est déjà 50 % des followers. Le reste, c’est du plus, c’est ce que tu apportes… Quand tout ça est en place et que tu commences à être suivi, tu peux devenir prescripteur, les marques te contactent. »
Car pour les influenceurs, le placement de produits est la source principale de revenus.
Tout explose à l’automne 2010 avec l’arrivée d’Instagram. Il faut dire que les annonceurs vont rapidement comprendre leur intérêt. Plutôt que de dépenser des fortunes en achat d’espaces publicitaires sur des médias que les jeunes ne regardent plus, ils vont passer des contrats, des partenariats avec des influenceurs qui parleront de leurs produits pendant une semaine ou deux.
Une story sur Instagram, c’est autrement plus impactant qu’un classique spot publicitaire à la télévision qui te dit que ce produit est tellement formidable parce que tu le vaux bien ! C’est de l’influence indirecte, comme si tu parlais avec un copain ou une copine. Il s’agit de personnaliser au maximum la communication. Ça se veut hyper naturel, alors que tout est parfaitement scénarisé. « Natoo, elle est complètement authentique, moi, je m’en fous des histoires de partenariat, je sais qu’elle me parle à moi. »
Prescripteurs de modes de vie idéalisés, popularité grandissante, public jeune, millions de followers, tout est réuni pour que les influenceurs deviennent de véritables leaders d’opinion. Aux États-Unis, ils ont été très actifs durant la dernière campagne présidentielle.
En France, à deux mois du scrutin, on peut se poser la question : les influenceurs vont-ils avoir un impact sur les opinions politiques de leurs followers ? Avec quelle expertise ? L’année dernière, le président Macron s’était appuyé sur McFly et Carlito, pour inciter les jeunes à se faire vacciner contre la Covid-19 et à respecter les gestes barrières. Les influenceurs sont-ils déjà devenus les nouveaux amis du pouvoir politique ?