Hissez haut les couleurs...
À l’occasion de la coupe du monde de football au Qatar, c’est devenu le signe graphique qui fâche tout le monde. Les organisateurs font tout pour l’interdire pendant que les joueurs, les supporters et les médias font preuve d’inventivité pour lui donner de la visibilité. Le Rainbow Flag marque par sa présence la première semaine de compétition.
L’année dernière, la question était déjà sur la table quand le président hongrois, Viktor Orbán, avait adopté une loi homophobe interdisant toute représentation de l’homosexualité, assimilée à la pédophilie. La ville de Munich avait alors proposé d’éclairer son stade aux couleurs de l’arc-en-ciel LGBTQ+ durant le match Allemagne-Hongrie. Refus de l’UEFA au motif que le sport devait rester neutre, apolitique.
Mais ce drapeau arc-en-ciel, ce symbole de la communauté LGBTQ+, d’où vient-il ?
Au départ, on trouve Harvey Milk, le premier homme politique américain à déclarer ouvertement son homosexualité. On est en 1978 à San Francisco, et celui-ci contacte Gilbert Baker, un ancien soldat et jeune activiste politique, pour qu’il crée un drapeau à l’occasion du défilé de la journée des libertés gaie et lesbienne.
Parmi les possibles sources d’inspiration, Gilbert Baker évoque une chanson, « Over the rainbow », interprétée dans le film « Le Magicien d’Oz » en 1939, par Judy Garland. Celle-ci deviendra très vite une icône de la communauté gay. À la fin des années 70, il n’y avait pas de signe symbolique fort fédérant la communauté homosexuelle. Au XIXe siècle, l’écrivain Oscar Wilde portait un œillet vert à la boutonnière, mais ce symbole restait trop anecdotique.
À l’origine, le drapeau comportait huit bandes de couleurs différentes : le rose vif, le rouge, l’orange, le jaune, le vert, le turquoise, l’indigo et le violet. Le 27 novembre 1978, Harvey Milk est assassiné. Un immense défilé est organisé dans les rues de San Francisco, le Rainbow Flag est dans toutes les mains. Ce drapeau va rapidement se répandre dans le monde entier.
« Même si nous ne sommes pas un pays ou une nation, nous sommes une sorte de peuple et le drapeau, dans l’utilisation qu’on en fait, donne du pouvoir, dit quelque chose, plus que le logo ou le slogan », précisait Gilbert Baker.
Pour cette coupe du Monde 2022, le Rainbow Flag est devenu le symbole de la discorde, et les réactions se sont multipliées. Les Allemands vont se couvrir la bouche tandis que les Anglais mettront un genou à terre. Le Rainbow Flag est apparu, discrètement, sur les chaussures des joueurs belges, sur les maillots d’entrainement des Japonais et des personnalités politiques du monde entier n’ont pas hésité à le porter. Autre manifestation de l’effet Garland, on n’aura jamais autant parlé du Rainbow Flag qu’en voulant l’interdire.