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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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"Google Du Petze !"

Au printemps, Google n’a pas vu venir l’hostilité des habitants du quartier de Kreuzberg, manifestant pour empêcher son implantation à Berlin.

Le géant californien souhaitait ouvrir un vaste campus : 3 000 m2 de bureaux, des cafés sympas et des espaces de coworking où tu bosses, cool, en short et détendu. Distribution de snacks à volonté, massages et pauses billard. L’esprit Google, quoi !

« Que cette méga-corporation, dont le modèle économique est basé sur la surveillance de masse et qui spécule à tout va, débarque ici, alors que la gentrification s’accélère et que des tas de gens sont en train de se faire virer, est d’une arrogance et d’une violence extrême », réagissait l’un des organisateurs de la campagne “Fuck off Google”.

Et puis d’autres slogans sont apparus sur les murs. “Google Du Petze !” (Google informateur). Des slogans rappelant l’Allemagne communiste. Alors Google s’est déplacé du côté Est de Berlin. Là où un élu local a cordialement invité le géant de Mountain View à s’intéresser à l’ancien siège historique de la Stasi, sur Ruschestraße dans le quartier de Lichtenberg.

La Stasi, c’est l’ancien monde communiste de la RDA, lunettes noires et imper gris. C’est pas un des nombreux clubs techno branchés comme le Berghain ou le Tresor, qui sont de véritables institutions de la nuit berlinoise. Dès 1950 et durant toute la guerre froide, la Stasi a été la police politique de l’Allemagne de l’Est qui a surveillé et réprimé toute la population. Des fiches, des écoutes sur tout le monde, 500 000 informateurs. Tout était recensé au point que le bâtiment abritait plus de 160 kilomètres d’étagères pour stocker les documents recueillis sur 16 millions d’allemands. Du grand délire sécuritaire à la Big Brother. Et là, on se dit, il y a comme un truc qui résonne… Google ? La Stasi ?

On a entendu dire qu’aujourd’hui, on avait la possibilité de télécharger l’intégralité des données que Google accumule sur chacun d’entre nous. Sympa, Google… “Tu lances Google Takout. Et là, tu télécharges un fichier de plus de 5 Go qui contient plus ou moins trois millions de documents Word ! Tout ce que Google a siphonné sur toi. Tout ! Tous tes favoris, tous tes mails, tous tes contacts, tous tes documents Google Drive, tout ton historique de recherche Google et Youtube, tous tes déplacements (eh oui, comme tu es géolocalisé, tes déplacements sont archivés, l’heure, la date, les itinéraires). C’est la séquence de toutes tes journées qui est disséquée, les téléphones, les appels... la liste n’en finit pas. C’est juste totalement effrayant !”

Après la chute du mur de Berlin en 1989, la Stasi fut dissoute. Et le monde a découvert avec stupéfaction la puissance nocive de cette organisation de surveillance.

Trente ans plus tard, Google prend la relève en mettant la barre beaucoup plus haut. Il monétise les big data aspirées. Plus besoin d’informateurs, les étagères berlinoises resteront vides… chacun de nous, au quotidien, nourrissant le monstre qui nous dévorera !