Fossé générationnel à l’horizon
On sent bien que la société française est en train de bouger, et que cette élection présidentielle 2022 a un goût particulier. Au-delà de nos divergences d’opinions, les résultats du premier tour sont riches d’enseignements. Le plus important de tous, c’est sans doute la différence manifeste de vision entre les générations.
D’un côté, il y a la jeunesse, qui a subi de plein fouet les différents confinements dus à la pandémie de Covid-19. Elle sort épuisée du quinquennat, en ayant bien compris que le futur préparé par la génération des Trente Glorieuses était incertain, pour ne pas dire effrayant.
Le 10 avril les jeunes se sont plus déplacés que leurs aînés. L’abstention n’atteint que 24 % chez les 18-24 ans. Et ceux qui sont allés voter, se sont plus souvent prononcés pour les candidats de gauche que leurs aînés.
Ainsi, 29 % des 18-24 ans ont voté pour Jean-Luc Mélenchon, contre 20 % de l’ensemble des Français. Yannick Jadot, lui, a obtenu la faveur de 8 % des moins de 24 ans, alors qu’il n’a recueilli que 4 % du total des suffrages.
De l’autre côté, il y a la génération de Mai 68, aujourd’hui à la retraite, et qui ne compte pas renoncer à son confort et ses avantages. Ces seniors, qu’il a fallu protéger du Covid-19, en mettant toute la population sous cloche. Ils ont profité de la croissance des années 1960 et 1970, des emplois stables, et de la retraite à 60 ans. Cette génération, elle, a voté massivement pour Emmanuel Macron.
Le fossé générationnel se creuse-t-il ? L’espoir à portée de bulletin de vote a-t-il été illusoire ? Il est trop tôt pour y répondre. La seule chose dont l’on soit sûr, c’est qu’il n’est jamais bon de désespérer la jeunesse…
Alors, à ce moment, on se souvient de Wolinski, le dessinateur de Charlie Hebdo, qui disait souvent le sourire aux lèvres : « On s’est battu en Mai 68 pour ne pas devenir ce qu’on est devenu ! »