Encore Uber
C’est quand même la classe de voir arriver au bout de la rue, une élégante berline noire. La voiture s’arrête lentement et le chauffeur descend pour vous ouvrir la portière arrière. « Bonjour Monsieur, bonjour Madame bienvenue chez Uber… si vous le souhaitez, vous avez une bouteille d’eau devant vous. » La classe.
Évidemment, on est étonné la première fois, tellement on a été mal traité, mal accueilli dans les taxis parisiens. La fenêtre ouverte alors qu’il fait froid, “Les Grosses têtes” et leurs blagues pas forcément à notre goût.
Quand vous montez dans un Uber, c’est comme quand vous rentrez dans la boutique Nespresso à Opéra, ou le flagship Louis Vuitton sur les Champs-Elysées… sitôt passé la porte, vous êtes quelqu’un d’important à qui on parle avec douceur et attention. C’est comme cela que l’on vous voit et cela fait un bien fou.
Alors oui, la première fois chez Uber, on est scotché. Genre L’Oréal « Parce que je le vaux bien ! » Quand même… « Avez-vous une station de radio préférée ? »
La première fois, on se sent effectivement quelqu’un d’important. La deuxième fois, comment dire… on revoit la même voiture ou presque, le même chauffeur, du moins habillé pareil, et le même « Bonjour Monsieur, Madame, bienvenue chez Uber… ».
Et là, on se dit que ce qui était bluffant la première fois, l’est beaucoup moins les fois suivantes. Que ce que l’on avait pris pour de l’attention personnalisée n’est finalement qu’une suite d’éléments de langage standardisés. Et ça en devient même désagréable, de distance et de faux-semblant.
« On ne s’adresse pas à moi, on s’adresse à un client lambda qui a été défini par le marketing de Uber. » Et l’on en vient à regretter le chauffeur de taxi caractériel qui vous déstabilise par ses questions indiscrètes ou ses commentaires déplacés.
C’est peut-être les limites du décor Uber, de sentir que malgré les apparences du luxe, vous n’avez accès, qu’à une forme édulcorée qui se résume à la couleur d’une voiture, une veste Armani et une bouteille d’eau fraîche.
Mais ça marche, car à chaque fois le « Bonjour Monsieur, bienvenue chez Uber… » agit comme un baume bienveillant.