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Débordement de news

On s’était dit que c’était sous doute lié à la nature anxiogène de l’information du matin. Ce côté bien accablant qui fait que tu as envie de te recoucher aussitôt…

L’horreur dans le monde, les conflits, les attentats, les catastrophes, la population grandissante sous le seuil de pauvreté, les licenciements massifs… en gros, un millefeuille de trucs bien déprimants. Et puis on est tombé sur un chiffre.

Et là, c’est comme pour l’état de la planète… on n’arrive plus à visualiser. On n’y arrive plus. En fait, ce n’est pas l’info déprimante qui nous plombe, mais plus simplement la quantité absolument monstrueuse des infos en circulation. Le déluge. A tel point que l’on ne sait plus où donner de la tête…

« Il faudrait une capacité mémoire de 5 exabytes (soit 5 milliards de milliards de bytes) pour enregistrer tous les mots qui ont été prononcés par les êtres humains depuis l’origine jusqu’à aujourd’hui. En 2011, il était généré 5 exabytes de contenus tous les deux jours. Aujourd’hui, on estime que cette quantité d’informations est produite toutes les deux heures. » C’est Eric Schmidt, le président exécutif d’Alphabet, la société mère de Google, qui donnait ces chiffres il y a cinq ans. Un expert !

Et là, tu relis et tu te pinces. Aujourd’hui, on produit en deux ou trois heures, autant d’informations que l’on en a produit depuis la naissance de l’humanité. Les premiers homos sapiens, c’était il y a 200 000 ans, peut-être même 300 000 ans. On est littéralement submergé dès le levé du jour et la connexion qui va avec.

D’autant, que les contenus émotionnels négatifs se transmettent plus rapidement et plus massivement que les contenus émotionnels positifs, tout pareil pour les fakenews. Qui elles circulent six fois plus vite que les informations avérées, parce qu’elles sont simples et sensationnelles.

Au milieu de l’algorithmie dominante, reste-t-il encore une  place pour une idée intelligible ? Comment se faire entendre, comment même imaginer que quelque chose puisse être audible ?

Alors que celui qui surnage, c’est celui qui hurle le plus fort, celui qui sort l’énormité la plus grosse, il n’y a que la démesure qui arrive à traverser ce flot ininterrompu. La provocation, l’injure et l’injonction…

Alors, on cesse de croire à ce que l’on entend et à ce que l’on a sous les yeux. Comme Donald ! On s’en fout de savoir si c’est vrai ou si c’est faux… le bullshit !

On ne tiendra pas très longtemps à ce rythme là. Il va bien falloir tarir la source au risque de ne plus reconnaître la beauté. Il va bien falloir prendre du recul.