De la salamandre au panda
Blois, c’est une ville bourgeoise du bord de Loire. Une ville qui, il y a encore quelques années, sentait le chocolat Poulain quand on sortait de la gare.
Et puis Blois, ce fut longtemps la porte d’entrée pour la découverte des châteaux de la Loire. On y descendait pour aller à Chenonceau, Villandry, Cheverny, Beauregard et merveille des merveilles, Chambord.
À la fin des années 1980, les touristes arrivaient toujours plus nombreux.
De France, mais aussi de l’étranger. Les gens ne voyageaient plus uniquement sur le temps des vacances, mais durant toute l’année. On commença à parler de société de loisirs.
Au point que l’on baptisa la gare de Blois, Blois/Chambord.
Le patrimoine bien sûr, mais aussi… les parcs d’attractions. À la fin des années 1990, l’engouement du public est massif, les gens adorent ça. Disneyland Paris devient la première destination touristique de France et même d’Europe.
Et puis au tournant 2000, quelque chose, dans les environs de Blois, suscita l’attention. Le ZooParc de Beauval qui avait été créé vingt ans plus tôt autour de quelques oiseaux, commençait à attirer de plus en plus de visiteurs.
Alors que traditionnellement, l’industrie touristique s’était structurée sur les monuments historiques, les parcs d’attractions venaient casser cette logique.
Le parc animalier passa ainsi de 250 000 visiteurs par an en 1990, à 600 000 au début des années 2010. Beauval devint, au même titre que Chambord, une destination à lui tout seul.
Et puis les choses explosèrent en 2012 avec l’arrivée d’un animal, ou plutôt d’un couple.
Un couple de pandas prêté par le gouvernement chinois. Cette année-là, un million de visiteurs viendront les découvrir.
Dépassant ainsi Chambord et Sa Majesté. Dix ans plus tard, Beauval est à un million et demi de visiteurs par an. Et c’est toute une région qui économiquement renaît. Le parc est devenu le principal employeur privé du Loir-et-Cher.
Dans la France du XXIe siècle, Beauval et ses pandas sont devenus une destination touristique plus fréquentée que Chambord. Un glissement s’est opéré. Comme Disneyland à supplanté Versailles et son château. En un peu plus de trente ans, le loisir a pris le pas sur la culture et l’histoire, et ce, pour les touristes du monde entier.
À la gare de Blois, on rencontre de nombreux enfants avec des pandas en peluche…
beaucoup moins avec la salamandre, l’animal fétiche de François Ier. Et ça ne sent plus le chocolat.