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ChatGPT ne connaît pas le vide

Ce que nous avons compris, c’est que tout ce qui touche de près ou de loin au langage, est d’ores et déjà impacté par les IA et ce n’est que le début. Langage, communication, conversation, échange… Alors, pour terminer notre série, nous avons eu envie d’entamer une discussion en posant une question simple à ChatGPT.

Question 

— « Connais-tu le mythe de l’origine de la peinture ? »

ChatGPT

— « Oui, je suis familier avec plusieurs versions du mythe de l’origine de la peinture.

Voici l’une des versions les plus connues : dans la mythologie grecque, le mythe de l’origine de la peinture est associé à une femme nommée Dibutade. Selon le récit, Dibutade était la fille d’un potier d’Argos. Un jour, son amoureux était sur le point de partir pour un long voyage, et elle voulait garder une trace de son visage en son absence.

— Elle eut alors l’idée de projeter son ombre sur le mur en utilisant la lumière d’une lampe à huile. À partir de cette silhouette, elle commença à peindre les traits du visage de son amoureux, donnant ainsi naissance à la première peinture.

— Ce mythe est souvent interprété comme une métaphore de la naissance de l’art pictural et de la capacité humaine à représenter le monde à travers des images. Il souligne également l’importance de la mémoire, de la créativité et de l’expression artistique. »

Question 

— « Mais tu oublies un détail… l’émotion contenue entre la fille et son amant, non ?


ChatGPT  

— « Je m’excuse si je n’ai pas mentionné l’émotion entre la fille et son amant dans ma réponse précédente. En effet, dans certaines versions du mythe de l’origine de la peinture, l’histoire met l’accent sur l’émotion ressentie par Dibutade, lorsqu’elle a tracé les contours du visage de son amant.

— « Dans ces versions, Dibutade était profondément amoureuse de son compagnon et était tourmentée par l’idée de son départ imminent. Elle voulait garder une trace tangible de son être aimé et, inspirée par ses sentiments intenses, elle créa la première représentation picturale de son visage. »

Question

— « Et que penses-tu de la nature de cette émotion ? »

ChatGPT  

— « En tant qu’intelligence artificielle, je n’ai pas de sentiments ni d’opinions personnelles, donc je ne peux pas exprimer une véritable pensée ou ressentir des émotions. »

On parlait du corps, du désir, de l’absence de l’autre. Ce qui est fort troublant dans l’histoire de Dibutade, c’est la force qu’incarne l’objet du désir qui n’est plus là. C’est par le vide que l’émotion est le plus fortement ressenti. C’est souvent ce que l’on perçoit dans une image…

Le manque, l’absent, l’image est nourrie du vide. Un vide terriblement humain qui laisse place à l’imagination. À l’inverse, l’IA ne semble pouvoir créer que par rapport à du plein.

Avec Midjourney, une image est générée à partir de centaines, de milliers d’images existantes. ChatGPT restitue le vide à partir de millier de textes qui en parlent. Un plein généré par des algorithmes logiquement stéréotypés.

Ce vide, cette absence, ce manque, c’est l’ADN de l’homme, c’est souvent ce qui nous fait vivre, pousse notre curiosité et nous emmène au bout du monde. Et ça, l’IA ne peut y avoir accès.

C’est ce vide existentiel qui va nous permettre de nous distinguer de la production foisonnante et envahissante de ces nouvelles technologies qui, inévitablement, prendront de plus en plus de place dans notre quotidien.

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne