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"C’est à moi de choisir ?"

On s’est tous retrouvés un samedi matin, au supermarché, avec son panier devant le rayon de café, à ne pas savoir quoi prendre. Le prix oui, bien sûr, mais pas que…

Brésil, Colombie, Guinée, Équateur, Honduras, Pérou, Costa Rica, Kenya, Éthiopie… « Ah oui, quand même, le nombre de pays où l’on produit du café, j’aurais jamais imaginé ! »

Alors on prend un paquet et c’est là que ça vrille, quand on découvre la petite mention « café issu du commerce équitable certifié ». Et on relit encore une fois, et là, on regarde à côté dans les rayonnages et l’on comprend quelque chose.

En gros, on comprend que les autres cafés sont produits par des groupes tout puissants, peu scrupuleux à accorder une rémunération juste aux petits cultivateurs. « Moi, j’en veux pas de ce café, je ne veux pas être le complice de ces multinationales. Ce n’est pas optionnel, ça ne devrait même pas exister, ce cas de conscience ! »

Ce qu’on comprend, c’est que là, dans le supermarché, on me demande de faire un choix individuel qui devrait logiquement être fait par la grande distribution. Le chocolat, les bananes, le thé issus du commerce équitable, le bio garanti sans OGM, le produit avec emballage recyclable… en gros pour chaque article, j’ai le choix. Choisir ce qui est bien, plutôt que ce qui est mal.

Sauf que le mal fait parti de mon choix. Que le mal exploitant les hommes ou la nature… tout ça est en vente libre, là sous mes yeux et que c’est à moi de me démerder avec mes états d’âme. Moi petit consommateur individuel.

Est-ce qu’un jour, on pourrait imaginer que l’on pense au bien collectif ? Est-ce qu’un jour, on pourrait imaginer que les États, les responsables politiques s’engagent concrètement pour le bien de tous ?

On ne peut pas laisser au consommateur le choix d’acheter du lait qui ne permet pas aux éleveurs de bovins de simplement vivre de leur travail. En invoquant la libre concurrence.

Bon, finalement, on a pris deux paquets de café d’Éthiopie « issus du commerce équitable certifié ». On aime bien les coureurs de marathon qui sont presque tous éthiopiens. Comment ? Oui, c’est vrai il y a aussi pas mal de Kényans sur la ligne d’arrivée…