Ce qui est essentiel...
Pour résumer donc, acheter des chaussettes en laine chez Monoprix, oui ! Mais une chemise au rayon homme, non ! Une lime à ongles orange, oui ! Du rouge à lèvres, non ! Un gâteau pour quatre, oui ! Mais un gâteau pour huit, il semblerait que ça pose problème !
« — Bonjour Monsieur, vous venez d’acheter un gâteau pour huit… Vous avez six enfants ? — Euh, non ! — Eh bien Monsieur, je me vois dans l’obligation de vous verbaliser. Vous n’êtes pas sans savoir que les dîners entre amis sont interdits ! »
Une bouteille de vin chez le caviste, oui ! Mais se réjouir à l’idée d’acheter « Mémoire de fille » d’Annie Ernaux à la librairie du quartier, c’est absolument interdit, parce que pas essentiel du tout. Limite à ce que l’on vous considère comme un dangereux déviant et que l’on vous foudroie avec un lance flamme comme dans « Fahrenheit 451 », le film de Truffaut d’après le roman de SF de Ray Bradbury.
Une fille de 14 ans qui est au collège en 3e, pas de demi-classe et le repas de midi à la cantine supprimé. Mais elle peut continuer la piscine le lundi en fin de journée, avec l’association sportive de l'établissement.
Un garçon plus âgé qui vient de rentrer en école d’ingénieur à Cergy-Pontoise… enfin, il vient plutôt de sortir après trois semaines de cours chaotiques. Tout à distance, plus de resto U, plus d’associations, plus de soirées, plus de rencontre entre jeunes. Il a 19 ans.
Le même qui veux passer son permis de conduire… « Mais tout à fait, l’examen du permis est maintenu pendant le confinement. Un détail toutefois pour les leçons de conduite, et il en faudra une bonne vingtaine, elles sont interdites ! »
La chasse au sanglier et au chevreuil oui, bien sûr, mais la pêche au brochet en rivière, pas possible ! À Paris, prendre le métro sur la ligne 13, où l’on est collé-serré, oui, sans problème ! Mais pratiquer le surf à Biarritz, seul au milieu de l’océan, non !
Et puis nouvelle allocution du président Macron, toujours un peu paternaliste. « Bon, c’est bien, vous avez été raisonnables, le dernier week-end de novembre, l’étau va se desserrer ». Les commerces non essentiels vont pouvoir rouvrir… mais pas tous.
Et pour les restaurateurs ? Et pour les étudiants ? Les premiers attendront janvier, si tout se passe bien. Les seconds attendront février et fermeront le bal des réouvertures. Les crêpes de la Chandeleur auront un goût d’espoir… on garde le moral !