Ça ruisselle !
« On est les champions, on est les champions, on est, on est, on est les champions ! » Trompettes, tambours, et mains en l’air ! C’est réconfortant, en ces temps incertains, d’apprendre que la France est le pays où la fortune des milliardaires a le plus progressé depuis un an.
Et là, logiquement, on repense à la théorie du ruissellement et on se dit que ça va ruisseler à gros bouillon, que c’est une inondation diluvienne à laquelle il faut s’attendre…
Tout ça a commencé au début des années 1980, avec le tournant triomphant du néolibéralisme porté par Margaret Thatcher, Premier ministre de Grande-Bretagne, et Ronald Reagan, 40e président des États-Unis.
La doctrine d’alors, très ancien monde ! « Accorder des réductions d’impôts aux tranches supérieures, aux individus les plus riches et aux plus grandes entreprises, et laisser les bons effets économiques de la consommation et des investissements “ruisseler”. Tout le monde en profitera. » C’était simple, non ? Puisque qu’on vous le dit, « laissez les riches gagner de l’argent et faites-leur confiance ».
Arrive le nouveau monde, dans les bagages d’Emmanuel Macron, élu président en 2017. Et vous savez quoi ? Histoire de réveiller cette France endormie, on réinvente le ruissellement avec, entre autres, la suppression de l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune. Re-trompettes !
La première fois que l’on a entendu parler du ruissellement, c’est l’image des pyramides de coupes de champagne qui nous est apparue. Quand on verse le vin pétillant dans la coupe la plus haute, et qu’il ruisselle jusqu’aux autres coupes tout en bas.
Sauf que près de quarante ans plus tard, les économistes n’ont toujours pas réussi à trouver le début d’un commencement d’effet. Le ruissellement n’a jamais provoqué la réaction en chaîne vertueuse escomptée. Ce que l’on constate est plutôt confondant de simplicité : plus vous donnez aux riches, plus ils s’enrichissent. Un point, c’est tout.
Le seul impact quantifiable scientifiquement, c’est l’augmentation des dividendes versés à 1% de la population, et surtout aux plus riches, le fameux 0,1 %.
« Vous savez, cher monsieur, ruisseler, ça prend du temps. En attendant, allez, champagne pour tout le monde ! »