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Flip

Oh là là, on s’est fait une grosse frayeur. Rien de grave, c’est juste qu’en découvrant une pochette de disque chez un bouquiniste, un maxi 45 tours de New Order, on n’a pas su mettre un nom sur le graphiste…

… alors qu’on le connaît par coeur depuis que l’on est fan de la production de Factory Records, le célèbre label de Manchester. En gros depuis une quarantaine d’années.

« Non mais, c’est pas possible ! Je viens de perdre un morceau de cerveau, je n’arrive pas à retrouver le nom de ce mec ! » Et là, évidemment, on panique, persuadé d’être en phase numéro un d’Alzheimer. Et de découvrir qu’autour de nous, le phénomène devient courant.

« Je n’ai plus de mémoire, j’oublie tout ! » Comme si l’accélération généralisée qui déstabilise nos sociétés ne laissait plus le temps au cerveau de graver les infos qui nous semblent importantes.

Et puis l’on s’est souvenu du contexte qui avait entraîné cette grosse frayeur. C’était le lendemain d’un dîner où pour la première fois, quelqu’un évoquait avec certitude et effroi la fin prochaine de notre civilisation. Et Richard de terminer sa blanquette et de lâcher : « Ça y est, le processus est enclenché. Notre avenir est en train de disparaître : l’humanité ne durera pas éternellement ! »

Il nous a bien plombé la soirée, Richard. Sur le moment, on a cru qu’il blaguait, mais non, pas du tout. Et le lendemain donc, trou noir devant le disque. Comme si la mémoire défaillante allait de pair avec le « no future ».

On connaissait l’adage de Foch, le général : « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. » Sauf que là, c’est tout l’inverse. C’est comme si comprenant qu’il n’y avait plus d’avenir, le passé commençait à disparaître. Le cauchemar où tu te retrouves coincé : ça s’effondre devant et t’as à peine le temps de te retourner que ça s’effondre aussi derrière. En gros, à quoi bon garder des souvenirs, puisque l’avenir n’est même plus envisageable !

De grosse frayeur, on est passé à une forme d’effroi métaphysique. Quoi faire alors ? On s’est dit que l’on allait prendre les choses une par une.

D’abord, on a vérifié pour le single « True Faith » de New Order : c’est bien évidemment Peter Saville, LE graphic designer qui a signé quantité de disques Factory et co-fondateur de ce label. Un minimalisme abyssal, une feuille morte sur un fond bleu sans le titre de la chanson ni le nom du groupe. C’était en 1987. Ce tube a été servi par le clip singulier de Philippe Decouflé peuplé de créatures étranges.

Ensuite, on va partir marcher en forêt, à l’écoute des bruits, des odeurs et des sensations, quand le vent souffle sur la peau.

Et pour la blanquette, on rajoutera un peu de vin blanc !