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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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Et tu fais quoi ?

Depuis lundi dernier, on passe beaucoup de temps au téléphone. Pour tout avouer, par facilité, on avait pris l’habitude des mails et des textos.

Depuis lundi dernier, la voix des proches est devenue très importante. On a entendu Jean-Louis Murat en parler et l’on a été conquis : « La voix est notre miroir, encore plus que le regard, certainement plus ! Si je vous écoute, je sais beaucoup plus de choses de vous que si je vous regarde. »

Alors on a parlé, on a écouté…

— Je ne bois plus que deux cafés le matin.

— Je voulais prendre rendez-vous chez le coiffeur, la semaine dernière, et puis j’ai oublié et là, avec le confinement, non mais tu te rends compte, à quoi je vais ressembler dans quelques semaines !

— Alors on s’est dit, on va agrandir l’appart, on va mettre les fleurs sur le palier et dans l’escalier, comme ça, en fin de journée, on sort juste cinq minutes sur le pas de la porte et on a l’impression d’être au jardin, c’est cool !

— J’avais pas compris au départ, mais pour les ados, le confinement, c’est pas le problème. Le problème, c’est le confinement AVEC leurs parents.

— J’ai reçu un mail de Brigitte et figure-toi qu’elle a signé “Bonne vie confite”, j’ai pas trouvé ça hyper positif, non ?

— Moi, je vais à l’atelier, j’ai du boulot, je peins des roses pour un décor en trompe-l’œil, et je passe huit heures à peindre. C’est pas de masque dont on a besoin, c’est de fleurs. C’est des roses qu’il faut distribuer, pour que les gens restent à la maison.

— Moi, ça me saoule, les gens qui courent en bas dans la rue. Ils te disent : “J’ai trop besoin de me défouler, de courir !” Non, mais les mecs, ça fait une semaine. C’est pas comme si vous étiez retranchés dans une cave depuis trois mois… ça fait une semaine. Les Jean Moulin du jogging, c’est bon !

— Les attestations, je ne les imprime pas. Je demande à mes gamins de les recopier à la main, ça les occupe.

— C’est marrant, il y a encore quelques jours, on nous bassinait du matin au soir, avec l’intelligence artificielle, les algorithmes, la virtualité… On les entend plus trop ceux qui nous prenaient pour des gros beaufs, des attardés de la start-up nation. C’est très basique ce qu’on vit, c’est pas virtuel du tout, soit on s’en sort, soit on crève.

— Et tu fais quoi ? Tu en profites pour terminer le bouquin que tu as commencé à écrire, il y a deux ans ? Non ? Ah, rien du tout ? Tu en profites pour ne rien faire du tout ? C’est bien aussi, finalement !