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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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C'est quoi, ce sourire ?

On tombe par hasard sur un « Vogue Paris », et au bout de quelques pages, on se retourne vers Régis pour lui demander son avis : « Mais tu sais toi, pourquoi les filles dans les magazines de mode font toujours la gueule ? Les filles portent des fringues tout ce qu’il y a de plus somptueux et de plus créatif. Et toutes, elles font une gueule d’enterrement ! »

Et Régis, de me répondre : « Moi, je vais te dire, ce genre de meufs, elles font la gueule, parce qu’elles ont faim. Non mais, t’as vu comme elles sont maigres ? C’est juste pas possible, ces meufs-là. C’est trop compliqué pour moi, elles sont inaccessibles. C’est du rêve impossible. » Dans les années 1960, les filles sur les podiums souriaient. Il y avait une joie de vivre. Elles ne marchaient pas comme aujourd’hui, où tu as l’impression de voir des mecs défiler au pas cadencé.

Et puis, on arrive aux années 1980, avec des créateurs japonais comme Yohji Yamamoto et Comme des Garçons, créatifs à 200 %. Mais là, cata, les mannequins commencent à toutes avoir la même attitude, la même silhouette uniforme et inexpressive. En quelques années, on s’est retrouvé avec un grand écart. D’un côté, les photos pour magazines populaires, genre « Cosmopolitan », sourire… et puis de l’autre, le haut de gamme et le luxe avec « Elle », « Vogue » ou « L’Officiel », et là, des visages de déterrés. « Non, mais tu me fais quoi, là ? C’est quoi ce sourire ? Je te rappelle qu’on ne bosse pas pour « Mode & Travaux »… Le sourire, tu te le gardes pour le catalogue de La Redoute ! Fais la gueule et tais-toi ! »

En gros, le sourire c’est vulgaire, ringard et populaire. Dé-mo-dé. La mine bien déprimée, entre ennui, mépris et mauvaise santé, c’est high fashion et stylé. Années 80 donc, les mannequins oublient le sourire. Elles commencent à devenir de plus en plus androgynes, les épaules larges, un air dur et combatif. Et elles marchent droit, d'un pas mécanique. Le corps devient neutre. Un cintre pour valoriser le vêtement de création. « Non mais, il ne manquerait plus que ça, que le visage radieux de la fille attire le regard… au prix où on essaie de vendre la haute couture. » A croire que le sourire, c’est trop accessible et commun.

Ah si ! Il y a un domaine, où les filles sourient et ne défilent pas comme des robots. C'est le secteur de la lingerie et des maillots de bain. Va savoir pourquoi, elles ne sont pas amaigries ! Elles remplissent leurs soutiens-gorges et culottes… Tout simplement bien dans leur peau.