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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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Chacun sa petite histoire

La grosse claque, quand on découvre ce week-end, dans la vitrine du bouquiniste de la rue Oberkampf, un disque que l’on n’avait pas revu depuis 1981 ! “Remain in Light” des Talking Heads.

Plus de trente-cinq ans après, on reste scotché, médusé, là, sur le trottoir. Alors bien sûr, on entre et on prend le disque à pleines mains. On le retourne, on le sort de sa pochette, vieux réflexe de l’époque où l’on regardait toujours la qualité du vinyle.

Et là, bien évidemment que l’on va l’acheter. À 8 euros, il n’y a pas à hésiter. On ne pense même pas qu’on n’a plus rien comme matériel pour l’écouter. Plus de platine disque, d’ampli ni d’enceinte.

On avait adoré, complètement adoré ce disque ! Faut dire qu’à vingt ans, quand tu es aux Beaux-Arts et que tu achètes un disque qui explose tous tes sens… C’est largement plus excitant qu’une Rolex à 50 ans. Là, c’était le monde qui s’ouvrait, genre Moïse dans les Dix Commandements.

Une putain de pochette. Incroyable d’imaginer ça en 1981, ces quatre visages rouges bidouillés numériquement comme des masques. On apprendra plus tard, bien plus tard, que c’était le graphiste américain Tibor Kalman qui avait créé la pochette.

Et puis la musique. Des rythmes africains funky, un mélange de styles dans tous les sens et de l’invitation à bouger. Ça se prend pas au sérieux et pourtant c’est super bien calé. Brian Eno aux commandes. On avait l’impression de voir le monde autrement. De découvrir…

Alors oui, bien évidemment qu’on achète le disque. On rentre chez soi et on se précipite sur YouTube pour écouter “Remain in Light”… faut bien l’écouter quand même. Et là, on se dit que c’est quand même étrange ce besoin que l’on à partir d’un certain âge de retrouver, d’acheter ce qui a bercé notre jeunesse.

On l’avait senti venir vers la quarantaine. C’était il y a plus de dix ans, en regardant “State of Play”, une série britannique diffusée par BBC One. Une scène en particulier. La femme d’un politicien britannique interpelle un journaliste après avoir regardé sa bibliothèque de CD. “C’est étonnant : passé un certain âge, on ne retrouve que des compilations sur les étagères. c’est comme si les mecs ne voulaient pas prendre de risques après 40 ans.”

Passé 40 ans, on a tous plus ou moins le sentiment que notre petite histoire, unique, personnelle, n’est faite que de souvenirs. Des centaines, des milliers de petites choses qui vont mourir avec nous. Que l’on ne peut pas préserver.

Alors, on va commencer à retrouver des éléments de cette petite histoire. Un meuble, une lampe, un livre, un disque. Comme si l’on reconstruisait ce qui pourrait ressembler à un mini-musée personnel. Pour que la petite histoire raccroche à la Grande !

Pour écouter l'album “Remain in Light”, c'est ici